Ava
Bac Films

Laure Calamy sera en concurrence avec elle-même, ce soir !

Présenté à La Semaine de la Critique, lors du festival de Cannes 2017, Ava est un premier film inégal mais culotté, qui révèle une belle nature. Il sera diffusé ce soir sur Arte, pour la première fois en clair. Notez que son actrice Laure Calamy sera en parallèle sur France 2, dans les deux derniers épisodes de la série Dix pour cent - saison 4.

Voici la critique de Première, publiée en mai 2017 : Un an après le choc Grave, film de genre réalisé par une jeune femme issue de la Fémis, voici Ava, chronique de l’adolescence signée d’une autre ex-pensionnaire de la fameuse école de cinéma. Pourquoi ce rapprochement ? Parce qu’il y a dans le premier long métrage de Léa Mysius des réminiscences de celui de Julia Ducournau : une protagoniste entre deux âges (à treize ans, elle s’éveille ici à la sexualité), une famille dysfonctionnelle (à la sœur qui initiait l’héroïne au cannibalisme se substitue une mère volage accélérant la mue d’Ava) et beaucoup de symbolisme (l’anthropophagie comme métaphore de la jouissance au sens large vs la cécité progressive d’Ava comme allégorie d’une société vaguement totalitaire qui a choisi l’obscurantisme).

Noée Abita sans complexes

Là où Grave réussissait à sidérer par son propos franchement transgressif sur les plaisirs de la chair, Ava ne parvient pas à rendre complètement tranchant son discours sur la liberté –des esprits et des corps. Montrer des gens nus sur une plage tandis que patrouillent des pseudo nazis à cheval ou opposer le jaune éblouissant du soleil au noir d’un chien-loup adopté par Ava (qui finira par le voir, le loup) obéit à une logique de narration par trop simpliste et à une théorisation machinale. Le film est néanmoins traversé de quelques fulgurances : un cauchemar aux visions surréalistes, une séquence tribale burlesque, des tableaux érotiques troublants… Dans le rôle principal, Noée Abita évoque une Adèle Exarchopoulos précoce, désinhibée, avec une pointe d’arrogance dans la lippe. Elle est avantageusement secondée par l’excellente Laure Calamy en mère irresponsable et tapageuse. Leurs scènes communes procurent le désordre et l’incarnation espérés.


Antoinette dans les Cévennes : Le show Laure Calamy [Critique]