Requiem pour une tueuse

Entre un chef d’orchestre à la gestuelle de pizzaiolo, un Clovis Cornillac boudiné dans des chemises cintrées et une des scènes de meurtre les plus ringardes de tous les temps, c’est une mission autrement plus coton qu’on est priés de relever : ne pas éclater de rire. Pourtant, l’idée de combiner thriller et grande musique était plutôt séduisante. Sauf qu’ici, personne ne peut ouvrir une porte ou se beurrer une tartine sans qu’un bataillon symphonique ne s’empresse aussitôt de faire péter sa section cordes et cuivres, tandis que le mixeur son nous balance un maximum de basses fréquences dans les entrailles, comme pour compenser par une agression
sensorielle l’impuissance du film à générer ses propres émotions. Fruit mutant d’une interprétation clownesque, d’un scénario cheap et d’une mise en scène momifiée, le résultat ne ment pas sur son titre : c’est bien les funérailles d’une bonne idée qu’il célèbre.

Copie maladroite ou pastiche raffiné des histoires de blondes glaciales (Mélanie Laurent, ici avec Clovis Cornillac) qu'aimait tant Alfred Hitchcock ? La réponse est dans la salle.

Jérôme Legris n'a de Hitchcock que la prétention d'en être inspiré. La Nikitarte des alpages Suisses risque d'en refroidir plus d'un sur place. Rythme et tension en bernes, scénario en creux... Ce premier film a l'effet d'un poison trop lent pour qu'on y succombe. Dans tous les sens du terme.

Pas assez fou ni sympathique pour accéder au glorieux statut de nanar, ce récit, qui tente de mêler polar (une mercenaire accepte un dernier contrat) et grande musique (sa cible est un célèbre baryton), aligne les situations d’autant plus ridicules qu’elles se voient systématiquement pétrifiées par le Botox numérique de la mise en scène. Déjà le plus mauvais film de l’année ?

...un long chassé-croisé dans le milieu du chant lyrique, est ridicule, étrangement montée et atrocement interprétée. Ca s'appelle une aberration cinématographique.

Cluedo poussif et invraisemblable doté de quelques qualités cinématographiques. On passe.

Malgré la présence de bons comédiens, on a du mal à croire à ce faux suspense qui souffre d'une réalisation et d'un scénario très scolaire.

le film promettait une mission d'infiltration, il se réduit à une partie de cache-cache carnavalesque et dégénérée. On ne s'en plaindra pas, le ridicule s'avérant un antidote à l'arrogance qui transpire de ce classicisme en bois, mais on a vu meilleur pis-aller.