La saison 5 mettant en vedette le clan Shelby est actuellement disponible sur Netflix. Moins de mafia, moins de bootlegging, plus de politique, un méchant bateau et une résurrection pas vraiment réussie... Le show de Steven Knight n’aura tenu que partiellement ses promesses.
À la fin de la saison 4, nous avions laissé Tommy Shelby au sommet. Après avoir dézingué magistralement Luca Changretta, rayé de la carte le frère-ennemi Alfie Solomons, redoré le blason des Peaky et atteint les hautes sphères de l’Etat, Tommy était devenu le boss. Un final de haut vol immortalisant la suprématie du clan Shelby, la réussite sociale de son chef de famille. Un point d’orgue qui aurait pu être un point final. Juste, efficace. Pour autant, les créateurs de la série n’en avait pas fini avec Peaky Blinders. Des idées de spin-offs, de nouvelles saisons en préparation voire un hypothétique long-métrage pour conclure l’aventure, la saison 4, elle, très aboutie, n’était pas la dernière.
Saison 5. On retrouve Tommy Shelby, plus dans la chambre des communes à faire de la politique pour les nuls que dans les usines où les alambics fermentent l’alcool. Celui-ci est plus que jamais sur le fil du rasoir, hanté par les fantômes du passé, obligé de composer avec un petit nazillon (pas vraiment charismatique), acculé par l’héritage familial (Michael voulant le pousser méchamment vers la sortie). Insomniaque, parano, nerveux, dépassé par les événements… Durant ces six nouveaux épisodes, Tommy est devenu l’attraction principale du show.
Un rôle qui a englouti définitivement son acteur, Cillian Murphy, éclipsant plus que jamais le reste du casting. Même ce bon vieux bourrin d’Arthur. Si les fans les plus acharnés de l’acteur au visage angulaire et aux yeux bleus d’acier seront ravis, force est d’admettre qu’à part sa partition complètement folle et habitée, cette saison 5 de Peaky Blinders patine. Finis les règlements de compte au Tommy Gun, la vente de gnôle frelatée, les jeux d’échecs sanglants, les prises de pouvoir et de territoires. Désormais, le clan Shelby est rentré dans les rangs et l’affrontement se veut plus rhétorique, déclamé droit dans les yeux avec un ton solennel. Et un peu laborieux.
Le problème majeur de cette saison tient en un nom : Oswald Mosley. Un homme politique obscur, fasciste convaincu, grimpant les échelons de la politique aussi vite que Tommy a grimpé ceux du crime. Alfred Hitchcock disait qu’un film était réussi si son méchant l’était. Problème : Mosley n’a pas le charisme d’un Solomons, ni la dangerosité d’un Changretta. Ajoutons à cela que le politicien est incarné par Sam Claflin (acteur médiocre à l’aura post-pubère) et cela ne fonctionne pas. Dans l’épisode final, Tommy balance à Arthur : "J’ai peut-être trouvé quelqu’un que je ne peux pas battre." Sur le papier, l’idée que Tommy soit plus en danger que jamais, pris de court par un ennemi plus machiavélique que lui, était très excitante. À l’arrivée, on se demande encore comment cet avatar cheap d’Adolf Hitler, faux psychopathe à la Patrick Bateman (comme lui, il se mate dans le miroir lorsqu’il fait la bagatelle) arrive à déclasser Tommy "fockin’" Shelby.
Cette cinquième saison est-elle de trop ? Peaky Blinders, fort d’un succès critique et public, véritable objet pop-culturel, va-t-elle s’étirer jusqu’à plus soif comme bon nombre de séries avant elle ? Difficile à dire, notamment à cause d’une scène finale assez dingo où Tommy Shelby (encore lui), dans un cliffhanger assez inattendu (même si arrivant un tantinet comme un cheveu sur la soupe, il faut bien l’avouer,) pète un plomb en libérant toute la frustration qu’il a accumulé. Reste que le show semble avoir un peu fait le tour de la question, certains personnages n’évoluant plus du tout (Arthur et Polly notamment), d’autres se révélant intéressant avant d’être bouffé tout cru par la présence vampirique de Tommy (Michael et sa nouvelle petite-amie). Sans parler d’une résurrection absurde, celle de Tom Hardy alias Alfie Solomons, s’imposant plus comme du fan service putassier qu’un réel rebondissement scénaristique.
Récemment Steven Knight a affirmé qu’il ne pensait pas aller vers un arc narratif dans lequel Al Capone (dont il était question vers la fin de la saison 4) devrait intervenir, privilégiant plus l’aspect historique avec Oswald Mosley, Winston Churchill (apparaissant furtivement dans cette saison 5) et, selon certaines rumeurs, Adolf Hitler (le vrai cette fois-ci) dans la future saison 6. En ce sens, cette cinquième saison marque un point de rupture dans la série. Et possiblement avec une partie de son public de la première heure.
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