Maïwenn s’interroge sur ses racines algériennes dans une autofiction portée par des acteurs déchaînés, mais qui vire à l’ego trip inconséquent.
La mort d’un grand-père algérien provoque la tristesse et les retrouvailles de sa famille… ADN commence dans le chaos, une collection d’instants saisis à la volée où s’agitent des personnages dont on va peu à peu finir par comprendre les liens de parenté. Tous sont incarnés par des comédiens déchaînés, parfois outranciers et, il faut le dire, assez irrésistibles : Fanny Ardant en mère toxique, Alain Françon en père facho, Dylan Robert en cousin tchatcheur, Louis Garrel en ex-déconneur… Maïwenn est toujours aussi forte pour capter des moments de vie chaotiques, bruyants, hystériques, et… plutôt marrants, oui, malgré le contexte funèbre. Elle raconte aussi assez finement comment se construit l’identité de cette famille, qui hérite d’une histoire violente (le grand-père, communiste, a « porté des valises » pour le FLN), mais dont il ne subsiste que des bribes, des photos jaunies, des souvenirs racontés dans le brouhaha d’un café. Dommage que ce portrait de groupe se recentre vite sur le personnage de Neige (Maïwenn herself) : l’actrice-réalisatrice, se filmant en plein doute existentiel, finit par s’enivrer d’elle-même. D’un sujet potentiellement universel, elle ne tire à l’arrivée qu’une publicité chic pour ses propres tourments. Les dernières séquences « documentaires », tournées à l’iPhone et in situ, en plein soulèvement de la rue algérienne, ne disent ainsi absolument rien de l’Algérie d’aujourd’hui, et n’arrivent à témoigner que de la simple satisfaction de Maïwenn d’être là. Tant mieux pour elle, mais difficile alors de se sentir concerné.
ADN, en salles le 28 octobre 2020
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