Tout a changé dans le monde de Silo. C'est presque une nouvelle série qui commence, aujourd'hui, avec la saison 2 de la série SF à succès. On décrypte tout ça avec Graham Yost.
PREMIÈRE : La première saison de Silo a été un succès inattendu. Comment vous l'avez vécu ?
Graham Yost : J'ai de la chance, parce que je bosse sur Apple TV+, donc je ne connais même pas les audiences de la série ! Tout ce que je sais, c'est qu'on m'a demandé de faire une nouvelle saison. Pouvoir faire la suite, c'est tout ce qui m'importe. Ça et que Hugh Howey (qui a écrit les livres) aime la série. Je ne lis pas vraiment les critiques en général, sinon il faut être capable d'accepter les bonnes comme les mauvaises. Et une mauvaise critique peut vous ruiner les 10 bonnes critiques que vous avez lues auparavant... Pour le reste, personne ne m'arrête dans la rue pour me demander un autographe (rires). Je ne suis qu'un auteur avec une vieille barbe blanche.
Mais qu'est-ce qui fait que Silo a ainsi trouvé un écho auprès du public ?
Je crois que c'est cette quête de vérité. Pendant la saison 1, Juliette veut savoir ce qui est arrivé à George et à son silo. Dans la saison 2, c'est Shirley qui hérite de cette quête tandis que Juliette va chercher à savoir la vérité du silo 17... Dans le livre, il y a cette phrase que j'adore : "Les mensonges ne vous tueront pas, mais la vérité le fera !" J'adore ça. Ça montre qu'il y a une certaine complexité derrière la simple vérité.
Et puis il y a la lutte sociale, très verticale, qui existe dans ce Silo et qui tend un miroir à notre société...
Oui évidemment. Le public a très rapidement compris cette analogie avec les gens en bas du silo qui se sentent laissés pour compte et ceux en haut du silo qui regardent ceux d'en bas avec mépris. Mais dans la saison 2, on va découvrir que toute cette mise en place sociale n'est pas le fruit du hasard. Elle a été programmée, orchestrée, et Bernard (Tim Robbins) va encourager cette défiance entre le haut et le bas. Knox, chez les mécaniciens, sait qu'ils ont la main sur le courant, l'énergie qui alimente le silo. Ils peuvent ainsi tout couper. Mais comme il le dit à un moment dans la saison 2, ils ne peuvent utiliser cette carte qu'une fois. Parce qu'à la deuxième coupure, les gens du haut enverront toute leur puissance armée pour reprendre le contrôle du bas.
Le concept a beaucoup évolué depuis le début de la saison 1. Il y a moins l'effet de surprise. On n'est plus dans la découverte du Silo. La saison 2, c'est presque une nouvelle série qui commence, non ?
Oui tout à fait. Il y a un peu de ça. Parce qu'on a cette énorme révélation à la fin de la saison 1 et du coup, on a une meilleure compréhension de ce qui se passe à l'extérieur, dans ce monde en général. Évidemment, ça pose aussi de nouvelles questions : si on peut sortir et survivre dehors, qu'est-ce que ça signifie ?
Le premier épisode de la saison 2, presque sans un mot et entièrement consacré à Juliette, est très fort...
C'est assez fou de voir une actrice tellement habitée par son rôle qu'elle parvient à nous transmettre l'histoire, même sans dialogue. Tout se passe dans ses yeux, à travers ses gestes. Et via les choix du réalisateur, Michael Dinner. On avait déjà bossé ensemble sur Justified (une autre série créée par Graham Yost, NDLR) et je savais qu'il était capable de réussir ça. Je me souviens qu'après quelques jours à filmer cet épisode, il est venu me voir et m'a dit à propos de Rebecca (Ferguson) : la vache, c'est une actrice en or ! Qu'est-ce qu'elle crève l'écran !
Au bout du compte, que cherche à dire ce premier épisode du monde de Silo ?
Ça dit qu'on ouvre ce monde, que toute l'histoire s'élargit dans la saison 2. Désormais, on pense aux autres silos. A ce qui se passe dedans. Ça engendre tout un tas de questions. Il y a eu 50 silos de construit ? C'est énorme ! Vous imaginez le travail que cela a demandé ? Mais qu'est-ce qui s'est passé dehors pour en arriver là ? J'espère qu'on pourra répondre à tout ça...
Il y a des flashbacks dans les livres de Howey qui nous ramènent justement dans le passé. Vous avez l'intention de faire ça aussi dans la série ?
Je ne vous répondrai qu'avec un petit sourire énigmatique (il sourit). On a un plan et on espère pouvoir le mener à terme. Ce ne sera pas exactement celui déployé par Hugh (Howey) dans ses livres. Mais on sera très proche dans l'histoire générale.
C'est angoissant pour vous, l'idée d'arriver au bout de l'histoire et de livrer les réponses au public ? Parce que souvent, dans ce genre de série, les gens sont déçus lorsqu'arrive l'heure de la révélation finale...
Non parce que ce qui m'a donné envie de faire cette série, au départ, c'est justement les résolutions apportées par Hugh dans ses romans. Ça en vaut vraiment la peine. C'est vrai que parfois, on lit un bouquin mystérieux et en arrivant au bout, on se dit : c'est ça la résolution ? OK... Pourquoi pas... Mais là Hugh a vraiment trouvé une fin qui résonne en vous. Et j'espère vraiment qu'on pourra y arriver.
La première saison n'adaptait pas tout à fait la totalité de Wool, le premier tome de la saga de Hugh Howey. Que couvre la saison 2 ?
En fait, les deux premières saisons sont une adaptation de Wool. Le moment où Juliette est envoyée au nettoyage, dehors, arrive à peu près au milieu du bouquin et je savais que c'est là que je devais terminer la saison 1. C'était vraiment le moment parfait. Il ne fallait pas aller au-delà. Et la saison 2 se termine avec la grosse révélation qui conclut le livre. Et il y a un petit quelque chose à la fin du final (de la saison 2) qui donne une indication de là où nous aimerions aller ensuite...
Silo, saison 2, à voir à partir du 15 novembre 2024 sur Apple TV+ et aussi en France sur Canal +
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