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On n’a jamais su trop quoi penser de Rob Minkoff, figure majeure de l’animation Disney des années 80-90 (il bossa sur Taram et le chaudron magiqueLa Belle et la Bête ou La Petite Sirène et coréalisa carrément Le Roi Lion), qui décida ensuite de devenir un auteur anonyme de films live parfaitement inintéressants (sortons tout de même du lot le mimi Stuart Little). Il y eut pourtant un bref moment dans sa carrière où le garçon s’était posé comme le seul véritable successeur de Chuck Jones, prince de l’animation speedée et maboul des 50s. C’était en 1989 et Minkoff, 27 ans, réalisait dans la foulée Bobo bidon et Lapin looping, courts métrages animés starring Roger Rabbit, faisant suite au succès du film de Robert ZemeckisQui veut la peau de Roger Rabbit ? Exercices de style géniaux bâtis sur un canevas ultra minimaliste (Roger se fait très mal en essayant de rattraper un Baby Herman en fuite, point), ces deux petites bombes supersoniques laissaient transparaître un sens du rythme et du gag absolument stupéfiant, un goût pour la virtuosité gratuite mais irrésistible, et une vraie promesse de génie cartoon qui restera pourtant lettre morte. Snif.Rob RoiSéchez vos larmes : vingt-cinq ans plus tard, M. Peabody et Sherman vient nous informer que le gamin qui s’amusait à cribler de balles un lapin zozotant n’avait en fait pas dit son dernier mot. Il s’offre même une résurrection au format long métrage et sous l’égide de la maison concurrente DreamWorks. Adaptation d’un show télé US inconnu ici, dans lequel un petit chien voyage dans le temps accompagné d’un gamin binoclard, ce Peabody... fait feu tout de bois en passant au mixeur Doctor Who, une bonne partie de la filmo de Spielberg et bien sûr Chuck Jones. C’est très drôle, un poil référentiel mais pas trop, ça va vite et c’est toujours à la limite de la surchauffe. Dans le genre, on n’avait pas vu aussi secoué du bulbe depuis Madagascar 3. Ça raconte surtout que Minkoff a toujours eu ça en lui, cette flamme du dessin animé explosif et malpoli qui ne s’est jamais éteinte malgré le carton des Disney gnangnan et les errements qui ont suivi. À 52 piges, il vient tout juste de mettre sa carrière sur les bons rails. Parfois, ça prend du temps.Vivement la suite.François GreletMr Peabody et Sherman en DVD, blu-ray et blu-ray 3D depuis le 15 octobre.