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Oubliez le politiquement correct et courrez voir comment la rage et l’amertume peuvent, d’après ce réalisateur débutant, se révéler libératrices ! Car c’est bien à une attaque en règle contre l’optimisme à tous crins que se livre, pour son premier film, Bård Breien. De ce long métrage grinçant, drôle et pourtant très souvent inconfortable, on ressort grandis et soulagés. Des sentiments assez rares au cinéma ces temps-ci...
Toutes les critiques de L'Art de la pensée négative
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Alain Spira
Drôle, corrosif, incorrect, ce film réjouissant réussit même à être humain. Désespérément humain.
- Fluctuat
Comédie sans prétention qui dézingue avec jubilation les adeptes de la pensée positive, à qui l'on reprochera seulement de ne pas pousser plus loin sa réjouissante logique de destruction, L'art de la pensée négative reste tout de même bien sympathique.Sur un fauteuil roulant (...et impuissant), Geirr est confronté à une « coach de la pensée positive » qui débarque avec ses disciples : deux handicapés moteurs, une névrosée coincée dans sa minerve, et un mari hypocrito-coupable. Il n'aura de cesse de ramener les niais sourires de ses hôtes vers les grimaces de déconvenue qui correspondent mieux à leur situation. Pour son premier long-métrage, le norvégien Bard Breien n'y va pas avec le dos de la cuiller. Agacé par l'optimisme béat de thérapies qui occultent le négatif au profit d'une recherche systématique de ce qui peut rendre heureux, sa petite comédie tire à boulets rouges sur ceux qui prônent ou pensent tirer profit de ces méthodes. Au refoulement, il oppose le défoulement libérateur. Son traitement, de gros pétards et une bonne cuite, offre au moins le mérite d'exorciser le mal plutôt que de le cacher. De façon attendue, il en découle des situations ubuesques, ridicules ou cruelles, prétextes à un humour sans prétention, pas toujours très fin, mais franchement réjouissant dans sa manière de dire merde à la condescendance niaiseuse qui enveloppe les discours politiquement corrects sur les « personnes à mobilité réduite » en particulier, et les gens « moins bien loti » en général. Si la mise en scène est sans fioriture, elle utilise intelligemment l'unité de lieu (la maison) et de temps (24 heures), pour faire monter crescendo une action bien rythmée. Au passage, elle rend un hommage parodique appuyé et réussi aux films de guerre sur le Vietnam (Apocalypse Now et Voyage au bout de l'enfer) dans lesquels le malheureux Geirr tente d'oublier son désarroi. Les moments franchement drôles (comique verbal ou de situation) alternent avec d'autres suffisamment touchants pour nous faire baisser la garde, avant de nous surprendre à nouveau. Ce procédé rappelle, toute proportion gardée, le goût de Todd Solondz (Bienvenue dans l'âge ingrat, Happiness) pour les freaks qui lui servent à détruire si joliment le mythe américain. Plus rageur que nihiliste, le scandinave ne va malheureusement pas assez loin dans l'horreur et la cruauté, rendant ainsi son film bien plus humain que ceux de l'Américain, mais forcément moins abouti dans sa logique destructrice, plus superficielle.L'art de la pensée négativeDe Bard BreienAvec Fridtjov Såheim, Kjersti Holmen, Henrik MestadSortie en salles le 26 novembre 2008Illus. © Little Stone Distribution - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil comédie sur le blog cinéma- CineNordica : le festival des cinémas suédois et norvégien