Comment Don't Breathe 2 continue à "torturer les clichés" [critique sans spoiler]
Sony

A nouveau cambriolé, l'aveugle joué par Stephen Lang se défend violemment.

En 2016, l'équipe derrière le remake d'Evil Dead faisait sensation avec un film d'horreur bien pensé, Don't Breathe : La maison des ténèbres. Une histoire de "home invasion" qui démarrait de façon classique (des jeunes cambrioleurs pénètrent dans la maison d'un ancien soldat aveugle pour lui dérober une grosse somme d'argent), puis multipliait les surprises scénaristiques et les bonnes idées de mise en scène (un long plan séquence pour "teaser" tous les pièges de la maison, par exemple, ou une séquence de fuite originale de l'héroïne poursuivie par un chien). Résultat, Don't Breathe parvenait à taper fort et s'avérait très efficace dans son genre : il n'avait pas volé son interdiction aux moins de 16 ans ! Après de 160 millions de dollars de recettes, Sony a rapidement validé la suite. Celle-ci n'est plus shootée par Fede Alvarez (qui reste producteur aux côtés de Sam Raimi), mais par son co-scénariste et assistant réalisateur Rodolfo Sayagues. Une nouvelle réussite ?

"Torturer les clichés"
"On n’essaie pas d’éviter les clichés, assurait le duo de scénaristes dans Première au moment de sa sortie en DVD et blu-ray, début 2017. On joue avec, nuance. Le public des films d’horreur connaît tout ça par cœur, alors il faut bien essayer d’autres trucs. Si vous ne voulez pas faire quelque chose de médiocre, évitez de montrer ce qui a déjà été vu mille fois. (...) Don’t Breathe commence par un cliché : le cambriolage de la maison. Mieux vaut débuter par les clichés pour mieux les torturer après." Ils promettaient aussi "des surprises" pour la suite, et effectivement, c'est ce qui frappe d'emblée devant Don't Breathe 2, capable de reprendre les éléments forts du premier des tout en proposant du neuf. Ainsi, cette suite parvient comme son aînée à faire monter la pression avec brio tout en soignant la mise en scène (pour reprendre les mêmes exemples, les nouveaux plans-séquence sont parfaitement justifiés, et la scène du chien est "remakée" de façon inversée et maline). Sa principale réussite réside ici : plusieurs scènes de tension sont franchement flippantes, sadiques et visuellement marquantes (si vous n'aimez pas l'horreur "graphique", mieux vaut être averti).

Autre idée dérangeante à souhait : l'équipe veut une nouvelle fois profiter du charisme de son acteur principal, Stephen Lang, en le mettant ce coup-ci dans la position du "gentil". Les nouveaux cambrioleurs sont bien plus violents que ceux du premier film et il est montré dans une position de sauveur, tentant de protéger une fillette en danger (la jeune Madelyn Grace est d'ailleurs parfaitement crédible et touchante). Un changement radical que le spectateur doit réussir à accepter, tant son rôle était malaisant dans le premier opus. On ne vous spoilera pas le pourquoi du comment, mais à l'image du premier film, cette suite réussit à surprendre grâce à ses twists pervers, qui cherchent moins à être crédibles qu'à justifier de nouvelles attaques gores. Une fois qu'on a compris le concept, cette nouvelle histoire apparait un peu plus prévisible que celle de Don't Breathe, mais devrait tout de même convaincre les amateurs d'horreur en allant au bout de ses idées tordues.

Don't Breathe 2 sort en DVD et blu-ray le 19 janvier 2022. Bande-annonce :