Issu de la bourgeoisie libanaise, le poète et dramaturge Georges Schehadé est né le 2 novembre 1905 à Alexandrie. Il suit des études de droit, puis travaille au ministère de la Justice avant de devenir l’assistant et le protégé de Gabriel Bounoure, au sein du haut-commissariat de France en 1930. Ayant déjà publié quelques écrits dont L'Écolier Sultan, Rodogune Sinne ou encore divers poèmes dans la revue parisienne Commerce, l’auteur se fait remarquer par le poète Paul Éluard. Georges Schehadé entame dès 1933 une série de voyages vers Rome et Paris, où il fait la connaissance de Max Jacob, Jules Supervielle et Saint-John Perse.En 1938, il écrit Chagrin D’amour pour l'épouse du commandant des Troupes du Levant et enchaîne, une année plus tard, avec la pièce théâtrale Monsieur Bob'le, qui laisse déjà entrevoir sa vison d’un Théâtre de Poésie. Secrétaire général de l'École Supérieure des Lettres à Beyrouth, fondée en 1944 par Gabriel Bounoure, Georges Schehadé poursuit son œuvre en écrivant Poésie II et III où la grâce et la fluidité de son style littéraire plongent ses lecteurs dans un univers magique et sublime. Entre Beyrouth et Paris, où il épouse en 1951 Brigitte Collerais, l’écrivain séduit et enchante ses contemporains, à l’image de Pierre Jean Jouve, Chagall, André Breton ou encore Octavio Paz. La même année, sa pièce Monsieur Bob'le est mise en scène par Georges Vitaly au théâtre de la Huchette. Cette représentation provoque de vives réactions parmi les journalistes et les critiques, mais plusieurs artistes, dont Gérard Philipe et Henri Pichette, montent au créneau pour défendre le travail du dramaturge libanais, ce qui ne fait que confirmer son talent. En 1952, il rend hommage à Jules Supervielle dans Portrait de Jules, publié à la Nouvelle Revue Française, puis enchaîne avec Le Récit de l'An Zéro paru dans le journal libanais L'Orient. Il signe par la suite Histoire de Vasco (1956). La pièce, considérée comme « un manifeste antiguerrier », connaît un grand triomphe, notamment à Zurich où elle est présentée une année plus tard, et finit de consacrer la renommée et le génie littéraire de Georges Schehadé.Ce dernier se tourne vers le cinéma pour écrire le scénario de Goha, dirigé par Jacques Baratier en 1958.Nommé conseiller artistique à l’ambassade de France au Liban, il écrit en 1960 la comédie Les Violettes, suivie du Voyage et de L'Émigré de Brisbane en 1965. Son œuvre est portée à la Comédie-Française par Jacques Mauclair et vaut à son auteur une invitation du président sénégalais Léopold Sédar Senghor à assister à la représentation de sa pièce. En 1976, Georges Schehadé est invité à faire partie du jury du Festival de Cannes aux côtés de Tennessee Williams, Mario Vargas Llosa, Costa-Gavras et son ami peintre Carzo.Un hommage lui est rendu une année plus tard par le Centre Georges Pompidou. Après la disparition de sa mère en 1978, l’auteur décide de s’exiler en France alors que le Liban est en pleine guerre. Il publie son dernier recueil, Le Nageur d'un seul amour, où il évoque ses souvenirs d'enfance et de jeunesse, et rend hommage à ses amis défunts en redonnant vie à l’une des thématiques récurrentes dans son œuvre, à savoir celle de la mort.Lauréat du Grand Prix de la Francophonie, en 1986, Georges Schehadé est reconnu pour avoir apporté au théâtre et à la poésie francophone une vision originale, riche et profonde qui puise son essence de ses racines orientales dont il ne s’est jamais détaché. Il décède à Paris le 17 janvier 1989.