Alexandre Alexeïeff est un réalisateur français d’origine russe. Il est né le 5 août 1901 à Kazan, en Russie.Il passe les premières années de sa vie à Constantinople, car son père, militaire, y est affecté. Ce dernier décède alors qu’Alexandre Alexeïeff a cinq ans. Sa famille choisit donc de quitter l’Empire ottoman pour s’établir à Saint-Pétersbourg où il est inscrit à l’école des Cadets.La Révolution bolchevique de 1917 amène une nouvelle fois sa famille à se déplacer. Pour sa part, Alexandre Alexeïeff rejoint la marine tsariste, puis quitte son pays natal et part s’installer en France en 1921.À Paris, il s’initie aux différentes techniques de la gravure et de l’animation. Il officie quelque temps dans les milieux du spectacle et du quatrième art, travaillant sur les costumes et les décors pour le théâtre. Parmi ceux qui sollicitent son savoir-faire, on retrouve notamment Louis Jouvet, Georges Pitoëff, Gaston Baty, ou encore les Ballets russes et suédois. Il exerce également divers métiers dans le dessin et l’illustration, accompagnant de ses esquisses les textes de grands écrivains à l’image de Fedor Dostoïevski, Charles Baudelaire, André Malraux et Edgar Allan Poe.Alexandre Alexeïeff fait ensuite la connaissance de Claire Parker, une Américaine issue d’une famille aisée et qui fait ses études à Paris. De cinq ans sa cadette, elle deviendra son épouse, mais aussi sa plus proche collaboratrice. C’est en effet avec elle qu’il invente, en 1931, le procédé de l’écran d’épingles, qui consiste en une planche d’un mètre trente sur un mètre sur laquelle sont disposées des centaines de milliers d’épingles. Selon la profondeur de leur pénétration et l’éclairage, ces épingles forment des tableaux différents grâce aux nuances de gris résultant de chaque modification, et une photographie est prise à chacun de ces changements. Les images ainsi obtenues donnent lieu à une séquence animée.Toujours en 1931, le réalisateur tchèque Berthold Bartosch, qui vit en France, dévoile un film d’animation intitulé L'Idée. Ce dernier sert de référence pour le couple, surtout au niveau de l’utilisation de la lumière dans leur œuvre.Deux années plus tard, Alexandre Alexeïeff et Claire Parker présentent le premier film exploitant leur procédé de l’écran d’épingles, Une nuit sur le Mont Chauve. Il s’agit d’un court-métrage d’animation de huit minutes avec une musique de Modeste Moussorgski. Suivront La belle au bois dormant en 1935, Balatum, Huilor et Les oranges de Jaffa en 1938, Chants populaires nº 5 en 1944 et En passant en 1946.Parallèlement aux films d’animation, Alexandre Alexeïeff est appelé à travailler pour les publicitaires, qui prennent rapidement la mesure du potentiel que recèle la technique de l’écran d’épingles. Le constructeur automobile Renault et les kiosques Esso, parmi tant d’autres, lui commandent des spots commerciaux sur lesquels le réalisateur et son épouse appliquent une autre de leurs créations, à savoir la totalisation, également appelée méthode du pendule composé. Combinés à l’utilisation de la couleur dans leurs travaux, ces procédés valent aux époux de nombreuses autres sollicitations de la part des plus grandes marques. Ils n’en oublient pas pour autant le film d’animation, puisqu’ils signent plus d’une dizaine de réalisations entre le début des années cinquante et les années soixante-dix, dont Nocturne en 1954, La sève de la terre en 1955, Cent pour cent en 1957, Divertissement en 1960, ou encore Tableaux d'une exposition en 1972.Constamment à l’affût des nouvelles technologies susceptibles d’enrichir son travail, Alexandre Alexeïeff montre un intérêt particulier pour l’informatique, qui connaît de gros progrès avec l’invention du transistor et surtout du circuit intégré quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale.En 1956, il prend part à la réunion des réalisateurs organisée à Cannes, et qui pose les fondements de l’animation dans l’Hexagone. Il participe également à l’édition de 1960 du Festival d’Annecy, et en signe même l’affiche.La méthode de l’écran d’épingles fait l’objet de plusieurs documentaires (À propos de Jivago, L'écran d'épingles et un film de Norman Mc Laren) ayant pour but de l’expliquer, mais aussi de la vulgariser, car, bien qu’elle ait été reconnue, rares sont les réalisateurs à la reprendre. Jacques Drouin fait l’exception avec Le Paysagiste et L'heure des anges.En 1980, Alexandre Alexeïeff signe son dernier film sous le titre Trois thèmes. L’année suivante, le 3 octobre, sa femme Claire Parker décède à Paris. Le père de la gravure animée s’éteint à son tour le 9 août 1982, également à Paris, quatre jours après avoir fêté son quatre-vingt-unième anniversaire.