Le portugais Miguel Gomes se paye une virée touristique entre les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam pour bricoler une fiction sans grand intérêt.
La grande roue tourne. L’attraction foraine apparaît dès le premier plan du film, comme pour lancer la machine d'un récit circulaire. Nous sommes à Mandalay en Birmanie. De nos jours apparemment mais la voix off elle, situe les choses en 1918. Bientôt un noir et blanc des premiers âges viendra rajouter une couche d’intemporalité. Chez le portugais Miguel Gomes (Tabou, Les Mille et Une Nuits...), les choses se mélangent : les prises de vues documentaires contaminent de l’intérieur la fiction en marche. 1918 donc, à Londres un homme et une femme sont sur le point de se marier. Malheureusement le futur époux, fonctionnaire de l'empire britannique en Birmanie, a pris la tangente laissant sa promise sur le carreau. Celle-ci s’est mise en tête de marcher sur les traces du goujat, quelque part entre Singapour, Manille, Bangkok... Tiens, tiens, ce résumé en rappelle sacrément un autre, celui de Caught By the Tides du chinois Jia Zhangke présenté lui-aussi en compétition il y a quelques jours.
Cannes 2024 – Caught by the tides, voyage au bout de la Chine [critique]Si Zhangke activait un mélo en sourdine qui se confondait avec les circonvolutions économiques de son pays sur vingt ans, on ne saisit pas très bien où Miguel Gomes veut en venir. Essayons tout de même. Ce Grand Tour est double. Un premier voyage, avec le personnage masculin. Un second, avec le féminin. Les endroits sont donc habités et retraversés deux fois. Belle idée narrative qui s’incarne concrètement dans le récit mais ne produit malheureusement pas grand-chose sur la carte du tendre. Les deux personnages sans réel consistance, épuisés d’eux-mêmes empêchent de s’intéresser à leurs tourments. La singularité du cinéma de Gomes apparaît dès lors un poil fabriqué, d’une ironie factice. Sur le territoire du « film-rêve » (un genre en soi) on préférera les virées fiévreuses et mystiques d’un Lav Diaz ou la poésie iconoclaste d’ Albert Serra. « Elle se réveillait moite de rêves dont elle ne se souvenait pas », dit la voix-off. Pas mieux.
De Miguel Gomes. Avec : Gonçalo Waddington, Crista Alfaiate, Teresa Madruga... Durée : 2h05. Sortie indéterminée.
Commentaires