L'ultra- classicisme n'est pas en soi en défaut. Mais celui déployé ici par Ildikó Enyedi tourne au chemin de croix de près de 3 heures.
Il y a deux temps forts dans L'Histoire de ma femme, le nouveau long métrage de la hongroise Ildikó Enyedi (Caméra d'Or à Cannes en 1989 avec Mon XXème siècle) situé dans l'Europe des années 1920. Son ouverture enlevée où son personnage principal, capitaine de bateau néerlandais, fait un pari avec un ami dans un café - épouser la première femme qui en franchira le seuil - avant que n'y pénètre la jeune mondaine parisienne qui deviendra donc son épouse. Comme la belle promesse d'un film ludique. Et un peu plus tard, une scène d'incendie sur un bateau où la mise en scène de Ildikó Enyedi se déploie avec une puissance qui là encore laisse augurer le meilleur. Et puis... c'est tout !
Pendant près de trois heures, on assiste à la lente, très lente, très très lente déliquescence d'un couple dont le mari va être peu à peu gangréné par la jalousie née des escapades nocturnes à répétition de sa femme pendant ces longs mois où il est en mer. Certes, formellement (lumière, costumes, déco...), le film tient du sans- faute. Certes, Léa Seydoux s'y montre impeccable (bien que moins impressionnante que dans France de Bruno Dumont aujourd'hui !). Mais L'Histoire de ma femme appartient à cette catégorie de films où l'on rentre pantoufles aux pieds par peur d'abîmer un parquet si soigneusement ciré. Le récit s'étire de manière totalement artificielle sans que cette longueur n'apporte quoi que ce soit d'intéressant si ce n'est des répétitions de plus en plus pénibles. Le classicisme peut donner naissance à de grands et beaux films, la filmo 80's et 90's d'un James Ivory peut en témoigner, mais quand elle tourne comme ici à l'obsession maniaque, en étouffant son récit sous les dorures de la reconstitution historique, ce classicisme devient le pire ennemi de ce qui se joue à l'écran.
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