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Au Japon, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la rencontre de trois solitudes dans un bar délabré : une jeune femme vivant en recluse, un soldat traumatisé par les combats et un gamin des rues… Shinya Tsukamoto, le réalisateur de Tetsuo, conclut sa « trilogie de la guerre » (après Fires on the plain et Killing) avec ce film minimaliste et saisissant. Dans une première partie en huis-clos, où l’on sent palpiter très puissamment hors-champ la destruction et le chaos, il brosse des portrais humains touchants, filmant ses acteurs au plus près. Le récit se brise soudain et vire au récit d’apprentissage brutal quand l’enfant quitte ce foyer de fortune pour tenter de survivre dans un pays en ruines. C’est un film « comme une prière », dit Tsukamoto, qui réfléchit à la déshumanisation des sociétés en guerre, avec peu de moyens, mais une sensibilité déchirante, et l’expressivité folle d’un enfant acteur, Oga Tsukao, au visage inoubliable.