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En 1989, Ildiko Enyedi obtenait la Caméra d’Or à Cannes pour son premier film, Mon XXE siècle, un poème cinématographique atypique, avant de disparaître progressivement de la circulation. La revoici avec un objet moins intrigant où la rêverie est néanmoins toujours prégnante. Une jeune femme et un homme mûr travaillant dans un abattoir se rendent compte qu’ils font tous deux le même rêve, celui d’un cerf et d’une biche se tournant autour dans la forêt, près d’un point d’eau. Dévorée par les TOC, Maria est incapable d’exprimer ses sentiments tandis qu’Endre souffre de solitude. Parviendront-ils à transformer leur rêve en réalité ? Il ne faut pas chercher à rationaliser cette fable amoureuse, belle métaphore de l’incommunicabilité. Le mélange des genres et des formes (entre les images fantasmagoriques et le récit amoureux s’intercalent des séquences gerbantes d’abattage et d’intrigues en milieu professionnel) provoque des ruptures de ton déroutantes qui achèvent de rendre Corps et Âme assez fascinant.