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Elle a séduit le public avec son seule en scène, J’ai l’impression que je vous plais. après le Petit Gymnase, le Théâtre Rive Gauche et Bobino, la comédienne s’installe aux Bouffes Parisiens.Propos recueillis par M.-C. NivièreNous nous retrouvons autour d’un café. Comment Chantal a-t-elle débarqué au cours Simon ? « Après le conservatoire de Lille, je suis descendue à Paris. De Roubaix (sa ville natale), on ne monte pas à la capitale ! J’ai assisté à la classe publique que le Patron (René Simon) donnait le lundi. A mon entrée, il a mis le projecteur sur moi et dit : « C’est quoi ce truc qui vient d’arriver ! » Après ça, j’ai mis un certain temps à oser m’inscrire. Ma seconde entrée n’a pas été mieux. Avec ma poigne de fer, j’ai cassé le verrou de la porte devant une Rosine effarée parce que le verrou était fermé pour cause de passage de scène. J’y suis restée trois ans. Je n’ai pas fichu grand-chose, le minimum pour bien se marrer et assez pour poser des lapins à mes partenaires, mais ça me suffisait, j’étais vedette de cours. ».L’humour est une arme de protection ou un don venu de l’enfance ? « C’est un don de pouvoir faire rire. Petite, j’étais très timide et je faisais le pitre pour me rendre intéressante. Mais c’est aussi une protection, une envie de se faire aimer. Si j’ai eu une jeunesse joyeuse, mon adolescence fut différente, j’ai perdu ma mère à 15 ans. » Faire le pitre peut être un piège… « Oui, mais c’est tellement agréable. C’est un rayon de soleil ! Comme les autres, j’ai mes angoisses, mes renfrognements, mais je suis d’un naturel positif et joyeux. » Son mari éclate de rire : « Mesdames, confesse, c’est à côté ! » Ce à quoi, d’une même voix, nous répondons : « Oui, mon père ! »Les Amazones, la pièce de Jean-Marie Chevret, a été un révélateur. « Dire que je ne voulais pas faire la pièce ! Jean-Pierre Dravel a beaucoup insisté et il a bien eu raison. » Avec cette « amazone », elle a peaufiné son personnage de folledingue. « J’ai mis beaucoup de moi-même pour apporter du fond. C’est pour cela qu’il me ressemble. C’est un personnage extravagant et paumé, haut en couleur, qui semble superficiel mais qui cache quelque chose. On a tous une fêlure. »Et ce corps totalement élastique, d’où vient-il ? « Aucun travail, que du génie ! » Elle éclate de rire puis poursuit plus sérieusement : « Adolescente, j’étais très grande, toute en longueur, avec de grands bras. J’en jouais beaucoup. Je n’ai pas fait de danse. J’ai fait du judo, du foot, du handball, que des sports de garçons. J’ai été élevée entourée de garçons, donc je jouais plutôt aux cow-boys qu’à la poupée. Je suis plus féminine aujourd’hui, grâce à ma fille ! »Ce seule en scène est né de quoi ? « D’une envie de me raconter. Depuis, longtemps, j’écris sur des carnets des petites idées. C’est un reportage de guerre ! J’ai regardé mon mari, mes enfants, mes voisins. » Quant au titre, « J’ai l’impression que je vous plais… », elle le doit à Michel Drucker. « Lors d’une émission, il me dit : “Vous êtes très jolie.” et je lui réponds du tac au tac : “J’ai l’impression que je vous plais Michel.” Le titre était trouvé. »Pour écrire son texte, elle a utilisé le « mentir vrai ». « Pour le fond, c’est parti de vérités que j’ai exacerbées. Tout est sincère. » Même si elle ne ménage pas son époux dans le spectacle, c’est une belle déclaration d’amour. Ce dernier lève les yeux au ciel. Plus de trente ans de vie commune, beaucoup de complicité, de tendresse et d’humour les unit. Pourquoi avoir choisi de démarrer avec une satire du théâtre de boulevard ? « Parce que j’en sortais. Après Oscar je voulais lui faire un clin d’œil. D’ailleurs ça déstabilise un peu le public car je parodie le boulevard en entrée de jeu. »Elle a démarré dans une des petites salles du Gymnase. « J’ai choisi d’aller à la cave ! C’est là que l’on met le bon vin, non ? » Elle a tellement plu au public, qu’elle a rajouté à son titre « vraiment » et s’installe à Bobino. « Bobino ! Brassens, Barbara, Ladesou, cherchez l’intrus ! C’est une grande salle, faut se faire comprendre ! » Son mari enchaîne : « Le débit rapide est sa marque de fabrique. » Chantal poursuit en riant : « Les gens me le disent souvent : “On ne comprend rien, mais qu’est-ce que c’est drôle.” Sa langue fourche souvent. « Normal, je suis diabolique. J’abrite en moi un homme qui produit des sons en même temps que je parle. J’ai beau lui demander de sortir de mon corps, il reste ! »Quand on la questionne sur les rêves de la comédienne, sa première réponse est : « Que cela continue le plus longtemps possible. » Comme tous les grands comiques, elle cache un talent dramatique. Elle sourit. « J’ai le sentiment de débuter continuellement ma carrière ! J’ai toujours peur. Je souhaite vraiment m’amuser le plus longtemps possible ! ». Il est l’heure, elle se lève.Chantal Ladesou - J'ai l'impression que je vous plais vraiment aux Bouffes Parisiens>> Réservez vos places pour le spectacle