Sydney Sweeney autopsiée, Marion Cotillard métamorphosée, Karim Leklou en marabout, des basketteurs animés, un coquillage orphelin… Notre best of alternatif de 2023.
Il est toujours plus facile de faire le top des films préférés de la rédaction (il est ici, d’ailleurs) que celui des films "pas vus" de l’année : il se trouvera toujours des cinéphiles qui vont nous dire qu’ils ont vu, eux, la petite perle confidentielle et ultra arty ou la dernière bombe de Bollywood avec Shahrukh Khan distribuée sur une dizaine de copies en France. Tant mieux pour eux, et tant mieux pour notre système qui nous permet d’avoir accès à une variété de films absolument ahurissante. C’était notre petit passage cocardier : place, maintenant, à notre top 10 alternatif, de films que l’on trouve tout de même qu’on n’a pas assez vus -voire pas du tout- cette année. Par vous, par exemple ?
Déménagement de Shinji Sōmai
Le récit d’un divorce vu à travers les yeux d’une enfant de 11 ans soudain ballottée entre deux foyers. Ce film de 1993, resté inédit sur nos écrans, est l'oeuvre de Shinji Sōmai, cinéaste décédé d'un cancer du poumon en 2001, et adulé par Kore- eda et Hamaguchi. Et on comprend pourquoi: cette merveille de mise en scène et de sensibilité à fleur de peau constitue l'ADN de leur cinéma. Un chef d'oeuvre
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Goutte d’or de Clément Cogitore
Un faux marabout nommé Ramsès magouille dans Barbès : Goutte d’or est un nouveau coup de maître pour le réalisateur de Braguino, qui explore à la fois les tourments de Karim Leklou (le vrai boss de 2023, avec Temps mort et Vincent doit mourir) et toute une zone étrange de Paris, où le réel et l’imaginaire se fondent pour créer un nouveau monde de cinéma.
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Grand Paris de Martin Jauvat
Si Eh mec ! Elle est où ma caisse ? et Under the Silver Lake avaient eu un gamin, il ressemblerait certainement à Grand Paris : un hilarant road-buddy-stoner movie potache qui se balade de Cergy à La Hacquinière, explorant une géographie secrète autour des lignes de RER, des châteaux d’eau, des aliens et des pyramides. Déjà notre comédie culte de l’année, et un premier long qui fera qu’on n’oubliera pas de sitôt son jeune (28 ans !) réalisateur.
Linda veut du poulet ! de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach
Une gamine exige un poulet au poivron - la recette préférée de son défunt père - à sa mère prête à tout pour exaucer ses voeux après l'avoir injustement punie. Sans savoir que dans une France paralysée par une grève, cette quête va se révéler un vrai parcours de la combattante ! Un grand film sur le deuil, bourré de gags et d'exploits narratifs, sublimé par l'inventivité de l'animation
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Little Girl Blue de Mona Achache
Entre documentaire et auto- fiction, Mona Achache fait le vibrant portrait de sa mère et des femmes de sa famille accablée d’une étrange malédiction. Marion Cotillard y livre une composition inouïe. L'un des plus grands gestes d'actrice de 2023 dont on n'ose imaginer qu'il ne soit pas célébré aux prochains César.
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Marcel le coquillage (avec ses chaussures) de Dean Fleischer-Camp
Un minuscule coquillage raconte sa vie avec pudeur et grosses larmes… Cet adorable faux documentaire, chialant comme un Pixar des années 2000 et porté par la voix chuchotée de Jenny Slate, raconte en creux le déboussolement des cinéastes Sundance, autrefois princes consorts d’Hollywood et désormais paumés dans une civilisation du dématérialisé (Uber/AirBnb/streaming/YouTube/etc.) et de l’éphémère.
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Portraits fantômes de Kleber Mendonça Filho
Le réalisateur d’Aquarius explore le passé de sa ville (Recife, au Brésil), dévoile le côté obscur du making of de ses films, et surtout raconte la mémoire de ses salles de cinémas fantômes, fermées et disparues. Beaucoup plus, et beaucoup mieux, qu’une ode à la cinéphilie : une archéologie de l’intime et du collectif, des rêves perdus et des images mortes.
Reality de Tina Satter
Comme dans Les Filles d'Olfa et Little girl blue, Tina Satter orchestre un parfait équilibre entre fiction et documentaire pour raconter Reality Winner, employée de la NSA qui fut la première lanceuse d’alerte condamnée en application de l’Espionnage Act pour avoir fait fuiter un document classifié révélant une tentative de piratage russe dans l’élection de Trump. Et ce en s'appuyant sur la retranscription de l’enregistrement audio de son interrogatoire chez elle, par deux agents du FBI. Et dans le rôle- titre, Sydney Sweeney confirme avec superbe ce qu'on sait depuis Euphoria: la qualité et la puissance de son jeu.
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Saules aveugles, femme endormie de Pierre Földes
En adaptant plusieurs nouvelles d’Haruki Murakami, Pierre Földes parvient par la limpidité de son trait, à retranscrire toute l’étrangeté et la grâce de cette œuvre foisonnante. Sa mise en scène d’une grâce et d’une pureté absolues, étreint le spectateur pour ne plus le lâcher. Un miracle de film.
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L’un des plus grands auteurs de BD du Japon adapte son manga culte sur le basket : le résultat est un fabuleux geste de cinéma animé, à la fois surexcitant film de sport (les images de match sont dingues) et bouleversant mélo fraternel (la transmission et la reproduction des traumas, ce genre de choses). Mais même en tant que simple film de basket, The First Slam Dunk est ce qui s’est fait de mieux dans le genre.
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