Ce qu’il faut voir en salles ce mercredi.
L’ÉVÉNEMENT
HUNGER GAMES- LA BALLADE DU SERPENT ET DE L’OISEAU CHANTEUR ★★★☆☆
De Francis Lawrence
L’essentiel
Francis Lawrence remonte le temps avec ce prequel concentré sur la figure de Coriolanus Snow. Un prequel réussi de la célèbre franchise qui, en traitant intelligemment des coulisses de la société du spectacle résonne plus que jamais avec la société actuelle
Adapté du roman éponyme de Suzanne Collins publié en 2020, ce prequel se déroule 64 ans avant l’avènement du personnage de Katniss, alors que les Hungers Games n’en sont qu’à leur dixième édition et se concentre sur la jeunesse du Président du gouvernement tyrannique de Panem, Coriolanus Snow, ambitionnant à ce moment- là d’entrer à l’université et redorer le nom de sa famille tombée en disgrâce.
Avec l’explosion actuelle des suites, préquel et autres spin-off, ne pas se contenter d’un produit trop inféodé au bon vouloir des fans apparaît comme un sacré défi. Avec son intrigue scindée en trois actes, La Ballade du serpent... évite habilement ce piège en dévoilant au spectateur l’envers des Jeux, l’évolution des Hungers Games d’outil de terreur à spectacle pervers. Cette manière de traiter de la société du spectacle et de ses dérives touche juste en résonnant avec le monde actuel. L’histoire aurait certes gagné à être traitée sous forme d’épisodes tant sa construction et ses personnages tendent vers ce découpage. Mais malgré cette frustrations, La Ballade du serpent... reste un spectacle exécuté avec précision.
Elias Zabalia
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A BEAUCOUP AIME
LITTLE GIRL BLUE ★★★★☆
De Mona Achache
Little Girl Blue s’ouvre sur des lettres, des photos, des carnets progressivement épinglés au mur par Mona Achache qui exhume, quelques années après son suicide, l’histoire de sa mère. Et remonte le fil. Sa grand-mère, Monique Lange, scénariste et écrivaine, travaille chez Gallimard et gravite dans la galaxie germanopratine où elle entraîne sa fille, Carole Achache. A ses risques et périls. Le récit familial devient celui d’un trauma qui va se recomposer sur trois générations et que chaque femme transmet à la suivante. Pour conjurer ce cycle infernal, la réalisatrice décide donc d’en effectuer l’archéologie et choisit de faire revivre sa mère sous les traits de Marion Cotillard. Tout va être permis dans cet exercice d’appropriation extrême et Mona Achache va d’abord diriger très scrupuleusement la star avant, parfois, de se faire dépasser (par les émotions autant que par la comédienne – qui signe ici sa plus grande performance depuis des années). Comme dans Les Filles d’Olfa, Little Girl Blue mêle reconstitution et réalité, raconte autant la préparation que l’exécution d’une fiction autour des femmes Achache. Et malgré le dispositif conceptuel balèze, l’émotion submerge tout à mesure que la mère d’abord fantasque se transforme en victime dans des scènes poignantes.
Frédéric Foubert
Lire la critique en intégralitéVINCENT DOIT MOURIR ★★★★☆
De Stéphan Castang
Ce premier long métrage s’ouvre avec Vincent (Karim Leklou, grandiose), graphiste cool au sein d’une entreprise cool qui voit un stagiaire soudain pas cool, pris d’une furie inexpliquée à son encontre. Quand la chose se répète avec le « gentil » comptable, Vincent commence sérieusement à virer parano. Puis très vite, il lui faut quitter la ville pour s’isoler à la campagne loin du regard des autres, car ici c’est par les yeux que le mal s’insinue et défie la raison. Vincent doit mourir arrive après Acide et Le Règne animal, trois films français à caractère fantastique présentés lors du dernier festival de Cannes. Mais celui-ci est le seul à vraiment figurer l’absurdité par le burlesque d’une catastrophe envisagée à l’échelle d’une intimité. Et ce survival oppressant se joue habilement des frontières entre thriller et comédie romantique. Une réussite totale.
Thomas Baurez
Lire la critique en intégralitéET LA FÊTE CONTINUE ★★★★☆
De Robert Guédiguian
Avec comme cadre l’effondrement de deux immeubles de la rue marseillaise d’Aubagne en 2018 -, le nouveau Guédiguian a pour figure centrale, une infirmière ayant l’engagement chevillée au cœur poussée par ses camarades à se présenter à la Mairie (personnage inspirée par Michèle Rubirola, gagnante des municipales à Marseille en 2020), autour de laquelle gravitent ses collègues, son frère, ses enfants et même un possible nouvel amour débarquant dans sa vie alors qu’elle ne s’y attendait plus. A travers eux, ce qu’ils traversent dans leurs vies intimes comme de citoyens, Guédiguian parle du sujet qui l’anime depuis toujours : son refus de rester passif devant la misère du monde, son amour pour ceux qui pourfendent le chacun pour soi dévastateur. Entouré de sa famille d’acteurs, il célèbre la jeune génération qui reprend le combat, avec la même énergie et la même utopie que les anciens dont il fait partie. On en ressort gonflé à bloc et quelques larmes au coin des yeux.
Thierry Cheze
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A AIME
HOW TO HAVE SEX ★★★☆☆
De Molly Manning Walker
Pour célébrer la fin des cours, trois lycéennes anglaises partent une semaine en Crète. Des premières vacances entre copines où l’on rêve de cuites stratosphériques, de danse jusqu’au bout de la nuit et surtout d’enchaîner les partenaires. … Ce premier long de la londonienne Molly Manning Walker prend le pouls d’une jeunesse paumée entre les diktats des réseaux sociaux, l’euphorie des premiers émois et une sensibilité à fleur de peau. Si la première partie emprunte des chemins convenus (le désir qui monte et les corps à moitié nus qui se reniflent…), How to Have Sex prend une toute autre ampleur quand le film aborde enfin son vrai sujet : le consentement. La noirceur s'installe et la caméra n'a alors d'yeux que pour Mia McKenna-Bruce, surdouée de 26 ans, capable de passer en une seconde de la tristesse profonde à la joie absolue. Son visage poupon se révèle à lui seul le théâtre de questionnements vertigineux sur la liberté et la pression sociale autour du sexe.
François Léger
RICARDO ET LA PEINTURE ★★★☆☆
De Barbet Schroeder
La tendance est au vlog chez les octogénaires français ! Barbet Schroeder semble suivre la route des derniers films d’Alain Cavalier, et réalise ici un documentaire dédié à son ami et peintre Ricardo Cavallo, constitué de plusieurs séquences (inégales et parfois trop courtes) dans lesquelles on le voit peindre, lire, enseigner, contempler ou discuter d’art avec ses proches. De la Bretagne au Pérou, il se dégage quelque chose d’immédiatement touchant et intime dans la démarche du film, qui semble d’abord guidée par le désir du cinéaste de passer du temps avec son ami. Par sa manière de le suivre, de le questionner et de retracer l’histoire (la sienne, celle de la peinture occidentale) à ses côtés, c’est bien Schroeder qui se révèle être le véritable peintre et portraitiste du film.
Nicolas Moreno
LES VOIES JAUNES ★★★☆☆
De Sylvestre Meinzer
Que reste-t-il du combat des Gilets jaunes, pile cinq ans après les tous premiers pas de ce mouvement éruptif, une fois que les caméras de télévision se sont retirées ? Le cinéma, à travers ce documentaire poignant, continue de faire entendre la voix d’hommes et de femmes anonymes qui racontent au présent l’esprit de leur lutte. A l’image, des vues d’une France du Nord (Le Havre) au Sud (Marseille), apparemment apaisée mais dont nous parvient les signaux d’une douleur intacte. L’histoire continue…
Thomas Baurez
Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première GoPREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME
AVANT QUE LES FLAMMES NE S’ETEIGNENT ★★☆☆☆
De Mehdi Fikri
Fortement inspiré par plusieurs histoires réelles dont celle d’Assa Traoré, le journaliste de formation Mehdi Fikri raconte pour son premier film la lutte d’une jeune femme qui se retrouve en première ligne d’un combat judiciaire après le décès de son frère lors d’une interpellation de police. Refusant d’abord de politiser l’affaire, Malika (incarnée par Camélia Jordana) va néanmoins prendre la tête d’un grand mouvement de contestation et engager un avocat médiatique pour porter la parole révoltée de la famille. Si l’investissement du casting rend la tragédie palpable, le scénario s’enferme souvent dans un didactisme qui empêche les personnages d’exister pleinement. Et le générique final, qui relie entre elles différentes affaires de meurtres et de bavures, cède à la confusion en préférant la généralisation à la précision.
Damien Leblanc
GUEULES NOIRES ★★☆☆☆
De Mathieu Turi
Dans le Nord, en 1956, des mineurs de fond doivent guider un professeur chargé de faire des prélèvements mystérieux. Mais quelque chose les attend à 1 000 mètres sous la terre... Après Hostile et Méandre, Mathieu Turi continue de tracer sa voie dans un certain cinéma de genre français, volontairement craspec et bis. Gueules Noires réutilise des motifs qui obsédaient déjà son réalisateur dans son précédent long (des couloirs sombres et étroits comme autant de boyaux presque vivants ; les créatures lovecraftiennes). Il y a indéniablement de l'idée et une envie de cinoche comme on n'en fait plus, mais l'entreprise est malmenée par un manque criant de budget (le monstre a de la gueule, mais ses mouvements sont terriblement limités) et surtout le niveau de jeu dramatiquement aléatoire du casting.
François Léger
NOUS ETUDIANTS ! ★★☆☆☆
De Rafiki Fariala
Pour ce documentaire, le centrafricain Rafiki Fariala a suivi pendant trois ans trois amis étudiants de l’université de Bangui. L’idée de raconter son pays par le prisme de sa jeunesse et de ses rêves venant se fracasser sur l’absence de tout ascenseur social est excellente. Sa manière de parler tout à la fois du poids des traditions, de la crise économique, du rapport hommes- femmes ne manque pas de pertinence. Mais la courte durée du film l’empêche de creuser les choses et donne un résultat trop confus.
Thierry Cheze
VIGNERONNES ★★☆☆☆
De Guillaume Bodin
Les vigneronnes embrassent la contemplation d’une terre autrefois entretenue par leurs braves aïeux – la contemplation se lie à la confrontation d’une vigne qui chuchote à la sensibilité féminine (que les hommes ne peuvent entendre) d’après une vigneronne. La fibre maternelle est invoquée puisqu'il ne s’agit pas seulement de d'engendrer, mais d’élever la vigne pour que fructifie le meilleur des nectars. Guillaume Bodin convoque des plans accélérés où la nature évolue au rythme des saisons – à l'image des temps qui changent, eux aussi. De rudes outils sont placés entre les mains de ces travailleuses qui témoignent de toute la dureté d'un métier de longue haleine. Le projet relève d'un féminisme brut et sec, sans désir de compétition avec les vignerons, mais plutôt de faire valoir tout le savoir-faire de ces femmes, tout aussi capables.
Manon Bellahcene
PREMIÈRE N’A PAS AIME
LE PETIT BLOND DE LA CASBAH ★☆☆☆☆
De Alexandre Arcady
Vingt ans après sa publication, Alexandre Arcady adapte son livre où il revenait sur son enfance à Alger et sa découverte de sa passion pour le cinéma. Et si en dépit de sa sincérité, le résultat ne passe pas le cap du grand écran. La faute à un manque de moyens qui fait que la reconstitution du Alger des années 60 pique les yeux. A une direction approximative d’acteurs empêtrés dans des personnages enfermés dans des archétypes ou victimes collatérales d’idées étranges comme confier le rôle d’une grand- mère à… Jean Benguigui. Mais surtout à un scénario mal ficelé qui s’abime dans des aller- retour lourdaud entre passé et présent (le personnage d’Arcady adulte revenant à Alger qu’il a eu dû quitter malgré lui à cause de la guerre) et perd un temps précieux, obligeant à des simplifications pour faire tenir le récit en 2h10. Même les amateurs du Coup de sirocco resteront sur leur faim.
Thierry Cheze
PREMIÈRE N’A PAS DU TOUT AIME
SOUND OF FREEDOM ☆☆☆☆☆
De Alejandro Monteverde
Succès- surprise de l’été en salles américaines, Sound of freedom n’est pas le brûlot complotiste tant annoncé mais simplement un mauvais thriller bien paresseux et interminablement apathique, où Jim Caviezel joue un agent fédéral américain parti sauver des mômes sud-américains d’un réseau. Mais il y a pire: en esthétisant le calvaire subi par des enfants dans de beaux plans bien composés, le réalisateur a l’air de les transformer en véritables martyrs et de justifier par-là leurs atroces souffrances, qui deviennent une inspiration pour les fidèles. Vous avez mieux à faire de votre temps que passer 2h11 devant Sound of freedom. Revoir Man on Fire, par exemple, autrement plus puissant sur tous les plans.
Sylvestre Picard
Lire la critique en intégralitéEt aussi
Comme par magie, de Christophe Barratier
L’Incroyable Noël de Shaun le mouton, programme de courts métrages
Moribito : un docteur de la terre, de Setsuko Maeda
Push it to the limit, de Fabien Carrabin
Reprises
Les Harmonie Werkmeister, de Béla Tarr
Lune froide, de Patrick Bouchitey
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