The Duchess

En dépit d’une maigreur inquiétante, Keira Knightley exprime la vitalité de son personnage avec charisme et gaieté. Mais elle a beau être de tous les plans, elle se fait presque voler le film par Ralph Fiennes qui, avec une redoutable économie d’effets, compose un tyran domestique d’une grande complexité. Le personnage est lui-même victime de contraintes étouffantes. C’est ce qui le rend humain. Mais, à la différence de son épouse, il accepte ces contraintes. Ce qui le rend monstrueux. L’acteur y ajoute un soupçon d’humour, sans lequel son rôle (et le film) serait d’une noirceur insupportable.
Saul Dibb a fait un excellent travail d’adaptation du livre d’Amanda Foreman, en rendant compte aussi bien des signes extérieurs de la puissance britannique que du prix individuel à payer pour l’atteindre. Georgiana, comme son mari, est prisonnière depuis sa naissance d’un contrat social qui sacrifie les sentiments au nom du pouvoir.

C'est un film plein de rage et de désespoir. L'histoire éloquente d'une femme étonnante pour son époque. Une héroïne complexe à qui Keira Knightley prête sa superbe plastique et son esprit frondeur.

[...] Ce qui intéresse Saul Dibb, c'est de brosser un double portrait : celui d'une femme d'exception et d'une époque. Sur les tableaux, finesse du trait, sens du récit et interprétation premium, l'excellence est au rendez-vous puisque sa toile déborde la cadre du décorum.

Sans jamais appuyer sur les troublants parallèles entre cette reine de la société et Diana, la princesse de Galles, Saul Dibb se concentre sur son voyage émotionnel. Derrière la beauté des décors et des costumes se cache le sombre portrait d'une époque qui refuse aux femmes leurs droits les plus élémentaires.

Frustrations intimes et goût affirmé pour la politique et les mondanités, tel est la problématique chemin de vie de cette grande coquette que nous portraiture le réalisateur (...) "Un raison et (res)sentiments" très réussi.

Ce mélo poignant à la mise en scène somptueuse et glacée vous arrachera de délicieux sanglots.

Contrat rempli dans la bonne tradition du récit d'époque. Mais il y manque la distance d'un regard ironique, malicieux, sarcastique. Celui d'un Stephen Frears par exemple.

Si quelques scènes (...) abordent l'aspect public, le film se concentre sur le domaine du privé(...) Mlle Knightley livre la même moue dédaigneuse pour exprimer ses peines et ses joies.

(...) le savoir-faire british |rend] ce drame historico-romantique raisonnablement appréciable.

De facture classique et d'un esthétisme étudié, un film d'époque dont l'étude de moeurs n'est pas sans rappeler le destin de la princesse Diana.