Toutes les critiques de Les Mille Et Une Nuits, volume 1 : l'inquiet

Les critiques de Première

  1. Première
    par Eric Vernay

    Un film politique n’est pas forcément une « gifle » ultra-réaliste ou une dissertation « nécessaire » sur un sujet d’actualité. Miguel Gomes le sait bien, qui fuit à toutes jambes ce brouhaha trop naturaliste à son goût, ou au contraire trop théorique (« l’abstraction me donne le vertige », dira-t-il lui-même dans une mise en abîme pleine d’auto-dérision), pour se réfugier dans le romanesque le plus baroque. Mais sans se boucher les oreilles pour autant : le réalisateur de Tabou a beau épouser ici la structure gigogne du célèbre conte oriental dans un rutilant écrin coloré (nuée de néons captées par le chef op’ de Apichatpong Weerasethakul), sa Shéhérazade n’affabule pas complètement. Au contraire, elle butine généreusement l’époque, le micro et le macro s’embrassent à l’écran tout comme la fiction et le documentaire, passant de faits divers cocasses relevés dans la petite ville de Resende (un coq jugé trop matinal au cœur d’un procès, les « flammes de jalousie » d’une amoureuse pyromane) à la crise économique en Europe (bouleversants témoignages de chômeurs, hilarante parabole sur l’austérité avec le Viagra comme possible « plan de redressement »). Parfois, le son se dérègle ou ne correspond plus à l’image. On voit par exemple un chantier naval menacé tandis que la voix-off s’alarme d’une invasion de guêpes, et inversement. Pourtant, pas de cacophonie : le cinéaste portugais est passé maître dans l’art de la correspondance baudelairienne. Ses associations d’idées poétiques et politiques font de ses inquiétudes un spectacle flamboyant.

Les critiques de la Presse

  1. Clapmag.com
    par David Speranski

    Oeuvre de contestation sociale et politique, "Les Mille et Une nuits" s’impose surtout par sa force poétique et lyrique sans précédent (...) De la pure poésie.

  2. Les Inrocks
    par Serge Kaganski

    La troïka merkelienne peut continuer de tout écraser, tant qu’il y aura des Miguel Gomes et des films comme ces "Mille et Une Nuits" (dont nous guettons les 2e et 3e volets avec une fébrilité encore plus aiguë), nous serons sauvés par la poésie, vengés par les forces de l’esprit. Et c’est ainsi aussi qu’un seul film suffit pour sauver tout le cinéma.

  3. Paris Match
    par Yannick Vely

    L'enchantement est puissant. Comme le sultan Shahryar, nous voila pendu aux lèvres du conteur, impatient de connaître la suite.

  4. Le Monde
    par Isabelle Regnier

    La beauté et la force politique du film tiennent dans cette manière qu’il a, d’un conte à l’autre, de glisser du cercle des décideurs(...) aux individus qui en sont les victimes.(...) Tout en ruptures de tons, de rythmes, de procédés narratifs, le film avance – en faisant de sa pauvreté une force insurrectionnelle – libre, enragé, et jouissif, comme un brûlot punk.

  5. Critikat.com
    par Morgan Pokée

    Si les deux autres volumes de cette trilogie sont au moins au niveau de ce premier opus, il est à parier que l’on tient là un film-monde, qui recueille en lui toute l’âme d’un pays. Littéralement, un feux d’artifice.

  6. Libération
    par Julien Gester

    Un long et prodigieux voyage.

  7. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    L’Inquiet pose les bases d’un triptyque où le documentaire et la fable sont constamment mis en tension.

  8. A voir à lire
    par Judith Godinot

    Gomes s’empare d’une mythologie pour en créer une nouvelle, furieusement contemporaine, prouvant encore une fois quel grand cinéaste il est devenu.

  9. Le JDD
    par Alexis Campion

    Drôle, émouvant, vif, surprenant, ce film adresse un savoureux pied de nez à tous les comptables qui nous gouvernent.

  10. 20 Minutes
    par Stéphane Leblanc

    Le premier volume de ce qui va finalement devenir une trilogie autour des "Mille et une nuits", entre réalité de la crise économique du Portugal d'aujourd'hui et fiction drôlatique sur la crise d'inspiration d'un cinéaste, avec doute, inquiétude et fuite burlesque à la clé.

  11. Fiches du cinéma
    par La redaction de Les Fiches du Cinema

    Cet "Inquiet" au ventre un peu mou révèle alors des bras forts et des jambes solides pour nous porter vers des contrées cinématographiques inconnues.

  12. Les Inrocks
    par Serge Kaganski

    Tout en gardant toujours un orteil dans la réalité sociale contemporaine (portugaise, certes, mais qui nous concerne tous), Gomes nous propulse dans les hauteurs de l’imaginaire et du cinéma, mettant le feu à notre tristesse dans un grand brasier joyeux.

  13. StudioCiné Live
    par Thomas Baurez

    Présentée en trois parties, cette relecture contemporaine qui emboîte les récits les uns sur les autres, pose un regard lucide et ironique sur nos sociétés en crise. Impressionnant.

  14. Télérama
    par Louis Guichard

    Dans ce volume 1, quelques suppliciés de la crise se racontent en plan fixe. Présentés par le cinéaste comme "des magnifiques", ils le deviennent en effet, question de lumière, d'écoute, de délicatesse.

  15. Les Inrocks
    par J.B. Morain

    Les registres ici changent (sous-titres, voix off, incrustations, scènes muettes, retour dans le passé, etc.) mais sans se confondre. C’est de cette hétérogénéité formelle que naissent le charme et la beauté du film.

  16. Nouvel Obs
    par Pascal Mérigeau

    Ce film musarde, passe d'une tonalité à une autre, entrelace les intrigues à loisir, joue avec le spectateur, lequel se dit parfois que Gomes pousse le bouchon un peu loin, tout en reconnaissant qu'un film comme celui-là, non, il n'en a jamais vu.

  17. Télérama
    par Frédéric Strauss

    Le ton fantaisiste est parfois proche d’une fable absurde, et un peu absconse.(...) tout en nous parlant de doute, de difficulté à croire aux jolis contes à l’heure des mauvais comptes, ce premier volume construit déjà un univers assez foisonnant, et ouvre sur une prometteuse montée en puissance.

  18. Libération
    par Didier Péron

    Ne pas ânonner le réel mais sublimer la crise, telle est l’ambition folle que se donne le cinéaste portugais qui veut par stratégies obliques et formes hybrides redonner du lustre, de l’étoffe, une vibration à un quotidien qui, sinon, se dérobe dangereusement entre les commentaires économistes et la relégation muette.

  19. Gala
    par Amélie de Menou

    Trou­ver du sens semble souvent impos­sible. Et si l’on sort soulagé de la projec­tion, on se prend à réali­ser qu’hé­las, tout ceci n’était pas qu’un conte…

  20. Le Figaro
    par Etienne Sorin

    Le premier volume des "Mille et Une Nuits", "L'Inquiet", prétend mêler poésie et intervention sociale. Kitsch et poussif.