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Gianni Di Gregorio est venu sur le tard derrière la caméra : en 2008, à 59 ans, juste après avoir co-écrit Gomorra. Ce premier long, Le Déjeuner du 15 août - dont il tient aussi le rôle principal – a remis au goût du jour un type de comédie italienne entre tendresse et autodérision, qu’on croyait définitivement morte et enterrée. Une voie qu’il n’a depuis jamais cessé d’approfondir avec Gianni et les femmes, le plus quelconque Bons à rien et ce Citoyens du monde qui marque son retour en forme. Il s’y met en scène en prof tout juste retraité qui envisage avec deux acolytes, au vu de leurs pensions de misère, de partir vivre leurs vieux jours loin de Rome dans un pays étranger où leur pouvoir d’achat sera plus conséquent. Et en partant d’une réalité sociale (la précarité qui touche certains retraités en Italie), Di Gregorio développe une fable terriblement attachante. Grâce à la finesse de l’écriture de ses personnages et de leur amitié bougonne mais surtout en ne succombant jamais à la facilité du « c’était mieux avant ». Citoyens du monde est l’antithèse du film réac’ pleurnichant un paradis perdu qui ne reviendra plus. Il se situe ici et maintenant, préférant l’utopie au cynisme. Au lieu de dénoncer l’Italie telle qu’elle est, Di Gregorio raconte l’Italie telle qu’il la croit capable de se transformer. Notamment dans son rapport aux migrants, sujet casse-gueule car riche en facilités démagos, que Di Gregorio traite ici avec une humanité joyeuse qui résume son rapport au cinéma : un divertissement qui raconte le monde sans jamais se faire donneur de leçon.