Hippocrate saison 2
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L’excellente série hospitalière de Thomas Lilti revient avec une saison trépidante qui amplifie la description de la souffrance des soignants et fait puissamment écho à l’actuelle crise sanitaire.

Ancien médecin devenu réalisateur de films à succès puis créateur de la série Hippocrate, Thomas Lilti ne cesse d’être partagé entre la culpabilité d’avoir quitté le monde médical et la satisfaction d’être aujourd’hui un des artistes les mieux placés pour raconter l’univers hospitalier. Une certitude toutefois : l’objectif de la saison 2 d’Hippocrate, qui consiste à décrire frontalement la souffrance au travail d’un personnel soignant animé par l’envie d’aider les malades, mais conscient qu’il ne bénéficie pas des moyens d’honorer sa mission dans les meilleures conditions, a été atteint haut la main. Pour représenter cette douleur de l’hôpital public, la saison montre d’emblée des soignants se retrouvant littéralement sous l’eau. Une canalisation a en effet sauté et le service des urgences est déplacé dans le service de médecine interne où les héros de la saison 1, Alyson (Alice Belaïdi), Hugo (Zacharie Chasseriaud) et Chloé (Louise Bourgoin), doivent soudain prendre en charge les patients des urgences, tâche à laquelle ils ne sont pas formés. Cette crise encore plus intense que celle de la précédente saison (où des médecins titulaires étaient confinés chez eux), engendre une situation de stress qui nous fera assister durant huit épisodes aux graves dysfonctionnements d’un hôpital en sous-effectif, le tout quasiment en temps réel.

ENTRE FANTASTIQUE ET RÉALITÉ.

L’immersion s’avère d’autant plus forte que Thomas Lilti et ses scénaristes s’emploient à souligner l’affaiblissement des troupes : physiquement diminués, Chloé et Arben (interprété par le charismatique Karim Leklou) sont fragilisés dans leur pratique médicale tandis que les jeunes Alyson et Hugo découvrent les limites mentales auxquelles leur inexpérience risque de les confronter. Un passionnant personnage, le chef des urgences (joué par Bouli Lanners), fait par ailleurs son apparition et met en lumière la difficulté du management exercé à l’hôpital. Et la réalisation de Thomas Lilti prend de l’ampleur – comme lors de la saisissante séquence où un ballet d’ambulances envahit le parking de l’hôpital dans la nuit froide – au point d’évoquer parfois le cinéma fantastique et de donner des sensations de cauchemar.

Hippocrate saison 2
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PRISE DE CONSCIENCE. Cette saison 2 est pourtant on ne peut plus ancrée dans le réel. Dressant le portrait d’un hôpital submergé, elle fut frappée par la crise de la Covid-19 et le tournage a dû être interrompu pendant trois mois au printemps 2020. Thomas Lilti est quant à lui reparti exercer la médecine quelques semaines pour tenter d’aider comme il le pouvait les hôpitaux, puis le tournage a repris à l’été. Le propos de cette saison, qui rappelle que l’hôpital français tient uniquement grâce aux efforts presque surhumains de son personnel précaire, ne s’en révèle que plus pertinent. Les doutes de Thomas Lilti concernant l’utilité de son travail (dont il parle dans son récent livre, Le Serment) gagnent aussi les protagonistes d’Hippocrate, qui craignent constamment de ne pas être légitimes. Tout aussi éclairante est la manière dont le déni se déploie dans cette saison 2 comme pour symboliser l’aveuglement et la politique de l’autruche des autorités hexagonales vis-à-vis de la souffrance des hôpitaux. Au prix de drames qui passent en revue les multiples situations auxquelles sont confrontées les urgences, cette brillante saison réussit une mémorable rencontre entre réalisme cru et fiction empathique. Et c’est finalement en voyant les images d’un hôpital imaginaire et ces soignants incarnés par des comédiens que le public d’Hippocrate peut, dans les sidérantes dernières minutes, prendre définitivement conscience de la réalité sanitaire, politique et sociale dans laquelle le monde est plongé depuis maintenant un an. 

Hippocrate saison 2, à partir du lundi 5 avril 2021 (21h06) sur Canal Plus


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