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Le "Deneuve Bashing", métaphore du Cannes qui agace ?

Catherine Deneuve monte les marches pour "La Tête Haute", au 68e festival de Cannes, le 13 mai 2015.

Catherine Deneuve monte les marches pour "La Tête Haute", au 68e festival de Cannes, le 13 mai 2015.

Catherine Deneuve et l'équipe du film montent les marches pour "La Tête Haute", au 68e festival de Cannes, le 13 mai 2015.

Catherine Deneuve et l'équipe du film montent les marches pour "La Tête Haute", au 68e festival de Cannes, le 13 mai 2015.

Catherine Deneuve et l'équipe du film montent les marches pour "La Tête Haute", au 68e festival de Cannes, le 13 mai 2015.

Depuis plusieurs jours, on a l'impression d'assister à une sorte de Catherine Deneuve vs. le reste du monde. Jusqu'au journal satirique Charlie Hebdo qui a caricaturé la star en couv' de son numéro spécial Cannes. Que se passe-t-il avec Catherine Deneuve ? Est-ce un problème personnel ? Ou un problème dû à son image et à ce qu'elle représente ? Mythique actrice à la carrière exceptionnelle, véritable légende vivante du Septième Art, à 71 ans, Catherine Deneuve n'a pourtant jamais été autant la cible des critiques et des moqueries.Cependant, il faut dire que depuis plusieurs semaines, la grande Dame du cinéma français a quelque peu donné le bâton pour se faire battre.Star de La Tête Haute, le film d'ouverture du 68e Festival de Cannes (qui a débuté hier soir en grande pompe sur la Croisette), Catherine Deneuve a été extrêmement médiatisée dès l'annonce du film choisi pour ouvrir les festivités cannoises. Elle a en effet enchaîné les interviews et les présences dans la presse, autant de possibilités pour "déraper" et créer la polémique, attisée par de friands médias.Ainsi, la star française, toujours adepte des petites phrases acerbes, a déclaré pêle-mêle au cours de son tour médiatique pré-Cannes : qu'elle ne trouvait aucun intérêt aux nouvelles techno-tendances ("Je déteste les selfies, se photographier tout le temps, se parler via FaceTime, c'est d'un ridicule...", critiquant en sous-entendu dans le JDD la majorité des célébrités contemporaines qui n'en sont pas avares), que les stars n'existaient plus pour elle et qu'elle méprisait les starlettes de téléréalité médiatisées du jour au lendemain ("La star est une notion qui ne correspond plus du tout, pas seulement à l'époque, mais à la médiatisation de tout, avec les excès de tout. Tout le monde est une star, donc personne n'est une star", dans le JT de France 2), et aussi qu'elle se moquait des récompenses, elle, l'une des actrices les plus primées de l'histoire ("Je n'aime pas trop les récompenses. Cela fait plaisir sur le moment, mais en fait ça ne sert strictement à rien", dans le magazine Elle).Mais quelle mouche a donc piqué la grande Catherine ? Pourquoi de telles punchlines dans ses récentes sorties médiatiques ? L'icône vieillissante serait-elle blasée de cette époque ? D'autant que ces déclarations, provocantes pour certains, ne manquent pas de faire réagir. Et comme il s'agit de Catherine Deneuve, cela atteint naturellement des niveaux disproportionnés.Ainsi, après avoir critiqué la ville de Dunkerque (où elle a tourné La Tête Haute) la qualifiant notamment de "ville très triste" où il n'y a que des "tabacs et des bars pour s'occuper", le maire de la ville est montée au front, trouvant les déclarations de l'actrice honteuses et lui conseillant de monter les marches "la tête basse". Mais plutôt que de formuler son mea culpa, l'actrice en a mis une deuxième couche en droit de réponse au micro de RTL, avançant qu'elle était désolée de la tournure que prenaient les choses mais qu'elle "avait le droit de dire des choses sur Dunkerque". L'actrice se prendrait-elle alors pour une star ? Celle qui peut se permettre de dire ce qu'elle veut, sans avoir jamais à justifier ses propos ? Dans un monde où, selon elle-même, il n'y a plus de stars ?Autre cas récent, quand elle a poursuivi il y a quelques jours sa diatribe sur la starification justement au micro de Thomas Sotto, déclarant notamment : "Le cinéma n'est plus comme il l'était, c'est devenu autre chose, c'est différent : tout le monde est palpable, regardé, filmé, écouté, c'est trop. Il y a des gens qui deviennent des stars et qui n'ont rien fait. Il n'y a plus de stars en France", ciblant notamment les participants aux émissions de téléréalité et l'impudeur de certaines personnalités sur les réseaux sociaux.Conséquence : l'ego de la starlette Nabilla se sentant vraisemblablement visé et sa parano faisant le reste, la jeune vedette de téléréalité y est allée d'un tweet qualifiant Deneuve de "vieille jalouse aigrie". Rappelons cependant que l'actrice avait refusé de faire un... selfie il y a quelques mois avec l'ex-chroniqueuse de Touche pas à mon poste lors de la Fashion Week de Paris.Dernier acte - fort et résonnant - de "Deneuve Bashing", la déjà célèbre couverture de Charlie Hebdo (actuellement en kiosques) qui représente une énorme caricature de l'actrice avec l'accroche "Colis suspect sur la Croisette !" et un homme de sécurité ayant finalement reconnu la star emblématique : "Fausse Alerte ! C'est Catherine Deneuve !" Un dessin de Luz qui symbolise une certaine vision du Festival de Cannes, son indécence, son opulence, ses fêtes, son argent, son insouciance, en cette période si difficile pour la plupart.Catherine Deneuve attirerait-elle alors les foudres à cause de son image ? Cet acharnement serait-il dû à ce qu'elle représente ? Elle, l'icône vieillissante qui contribue par son discours à la désacralisation de la star mais qui l'incarne malgré tout mieux que quiconque.Catherine Deneuve serait-elle la métaphore du Festival de Cannes qui agace, celui fait de paillettes, de strass et de futilité ? Elle, l'actrice qui incarne paradoxalement dans le film d'ouverture une juge pour enfants simple et droite, pour une œuvre sociale, ancrée dans le réel, et totalement anti-star. A l'opposé donc.Catherine Deneuve contribuerait-elle à attiser l'énervement général, devenant malgré ses propos l'emblème de ce qui énerve les détracteurs de Cannes, et ciblant ainsi directement le festival par ces attaques répétées ?Lors de la cérémonie d'ouverture, l'actrice, entourée de sa réalisatrice Emmanuelle Bercot et des autres membres du casting, est arrivée la tête haute. Cible de Charlie Hebdo le matin-même, Lambert Wilson n'a pu s'empêcher de citer l'actrice lors de son discours en hommage aux femmes du cinéma et du monde, lui offrant par la-même une standing ovation sous forme de soutien appuyé.Interrogée sur ce dessin qu'elle n'avait pas vu, Catherine Deneuve a répondu lors de la conférence de presse de La Tête Haute : "Si c'est méchant, j'espère au moins que c'est drôle."Oui, c'est drôle, et un peu triste aussi. Car en désacralisant la star de la sorte, ils confirment exactement ce que semble crier partout l'actrice depuis quelques jours : "Il n'y a plus de stars".MLExtrait de la conférence de presse de Catherine Deneuve, à Cannes, le 13 mai 2015, durant lequel elle revient notamment sur la couverture de Charlie Hebdo : Catherine Deneuve répond à la caricature de... par 6MEDIAS