Martin Scorsese et Agnès Varda
ABACA

De Paris à Hollywood, le monde du cinéma pleure la cinéaste.

Que ce soit en tant que réalisatrice de films et documentaires, en tant que photographe ou tout simplement être humain, Agnès Varda a marqué son temps et tous ceux qu’elle a croisé. Une aura immense, qui dénotait avec ce petit bout de femme au regard toujours pétillant, qui a créé jusqu’à la fin. Unique réalisatrice de la Nouvelle Vague, elle était aussi figure du cinéma d’avant-garde et du féminisme au-delà de nos contrées, en Europe et aux Etats-Unis où Jessica Chastain l’avait introduite avec un vibrant discours quand elle a reçu son Oscar d’honneur en 2017. Florilège des hommages reçu par la grande Agnès.

 

Mathieu Demy, le fils d’Agnès Varda et Jacques Demy, a rendu hommage à sa mère en partageant ce portait cocasse en clin d’œil à sa mythique et immuable coupe de cheveux.

Martin Scorsese, qui s'était montré très proche d'Agnès Varda lors du dernier Festival de Marrakech, en décembre dernier, a réagi à la triste nouvelle dans un communiqué :

"Je ne crois pas qu’Agnès Varda ait jamais marché dans les pas de quiconque, que ce soit dans son art ou dans sa vie… qui ne faisaient qu’un. Elle a tracé et suivi son propre chemin à chacun de ses pas, elle et sa caméra. Chacun de ses remarquables films, si joliment équilibré entre le documentaire et la fiction, ne ressemble à aucun autre, chaque image, chaque coupe… Quelle œuvre laisse-t-elle derrière elle : des grands et des petits films, drôles et durs, généreux et solitaires, lyriques et inébranlables… et vivants. Je l’ai vu pour la dernière fois il y a quelques mois. Elle savait qu’il ne lui restait plus longtemps, et elle a fait en sorte que chaque seconde compte : elle ne voulait rien rater. J’ai de la chance de l’avoir connu. Et pour les jeunes réalisateurs : il faut regarder des films d’Agnès Varda."

Et J.R., qui avait justement orchestré une vidéo hilarante avec une Agnès Varda en carton où apparaissait Scorsese, mais aussi Robert de Niro, a lui aussi envoyé ses pensées à cette "étoile filante" avec une photographie fort à propos. 

Claude Lelouch s’est également plongé dans ses souvenirs pour le site de France Info : "On a vécu les mêmes années. On a vécu la Nouvelle Vague. On a fait un film ensemble, Loin du Vietnam. C'est une femme remarquable extraordinaire. Tous les adjectifs peuvent s'additionner les uns aux autres, parce qu'elle a été dans tous les combats. C'était un grand auteur, un grand metteur en scène. Elle a été une des premières femmes metteurs en scène avec La Pointe courte (son premier film). Tout au long de sa carrière, même quand elle a rencontré Jacques Demy avec qui elle a fait des choses formidables, c'est une femme qui n'a fait que des choses positives et qui a essayé de faire plaisir à ceux qui allaient voir ses films. C'est une très grande dame du cinéma qui s'en va aujourd'hui. Je l'ai revue il n'y a pas longtemps, elle avait encore l'air d'être en pleine forme. J'étais même étonné de sa vitalité. On pourra dire qu'elle n'a jamais pris sa retraite. Elle a toujours été dans l'action. Et dans tous les combats. C'est une perte importante pour le cinéma français."

Du côté d’Hollywood, on peut encore retenir la réaction de Barry Jenkins, qui s’est exprimé sur son compte Twitter : "Le travail et la vie avaient indéniablement fusionné pour cette légende. Elle a vécu A FOND chaque moment de ces 90 foutues années." Tout comme Guillermo del Toro : "Agnès Varda aimait le Cinéma, et le Cinéma l'aimait en retour. J'ai partagé quelques merveilleux moments avec elle - où elle débordait d'énergie - que je n'oublierai jamais. C'est la plus jeune âme que j'ai jamais rencontré".

Cameron Bailey, le directeur du Festival de Toronto, a lui tenu à souligner qu’Agnès Varda "n’était pas une vieille dame mignonne. C’était une grande artiste. Elle avait l’instinct, l’esprit et la générosité pour pratiquer son art n’importe où, et l’offrir à nous tous. Pendant des décennies, elle n’a pas eu la reconnaissance qu’elle méritait, parce qu’elle était une femme, parce qu’elle était gentille. Repose en puissance, Agnès."

Le réalisateur britannique Edgar Wright a de son côté été marqué par l’attitude de la cinéaste, qu’il avait pu croiser aux Oscars 2017 : "RIP Agnès Varda, une icône du cinéma indépendant avant même qu’on ait inventé le terme. Visages, villages fut la dernière touche pleine d’inventivité et d’humour d’une carrière extraordinaire. C’était drôle de la sourire avec perplexité lors du circuit des Oscars 2017. Elle s’avait qu’elle n’avait pas besoin d’en gagner un. Elle était déjà une légende."

Enfin, Mathieu Kassovitz a bien résumé le sentiment général en saluant la mémoire de "notre maman de cinéma à tous".