Le Procès Goldman
Moonshaker

Christiane Succab-Goldman s’est exprimée pour la première fois depuis 44 ans : “Le film de Cédric Kahn a sans doute été l’étincelle qui m’a incitée à sortir de ma réserve”.

Christiane Succab-Goldman, l’épouse du défunt Pierre Goldman, a accordé un entretien historique au Monde, dans lequel elle donne son opinion sur le film de Cédric Kahn, Le Procès Goldman. Le film raconte le second procès de Pierre Goldman (interprété par Arieh Worthalter), militant et braqueur de banque, accusé d’avoir tué deux pharmaciennes lors d’un hold-up. Alors qu’il reconnaît tous ces précédents crimes, Pierre Goldman affirme qu’il est innocent et n’a pas commis le meurtre atroce dont on l’accuse. 

Christiane Succab-Goldman est franche et directe : elle n’a pas aimé le film et explique les erreurs qui, selon elle, font du tort à la mémoire de son époux. Pour commencer, elle est outrée de voir qu’un personnage censé la représenter (joué par Chloé Lecerf) est présent au procès, alors qu’elle n’y était pas. 

Elle réclame “qu’un carton carton signale le caractère fictif de ma présence au tribunal ainsi que des propos qu’on fait tenir à mon personnage. La vérité, c’est que je n’y étais pas présente, pas davantage qu’au premier procès, ni dans la salle, ni à la barre. [...] Il [Pierre Goldman] voulait absolument me préserver de tout ça. C’est déjà une chose qu’on aurait pu respecter”, déclare-t-elle. 


Elle reproche à Cédric Kahn et à l’équipe du film de ne pas l’avoir consultée : “Mais je suis une personne vivante enfin, pourquoi ne m’a-t-on jamais consultée ? Et je ne parle ici que du film.” Elle ajoute qu’elle s’est sentie offensée lorsque “Cédric Kahn, lors d’une avant-première à Paris, de faire voter à main levée le public pour déterminer qui le pensait coupable et qui innocent. Concernant une affaire qui a la force de la chose jugée, c’est obscène.

En plus de ces reproches, Christiane Succab-Goldman fait l’état de toutes les erreurs scénaristiques, à commencer par Joël Lautric, leur ami commun qui les aurait présenté l'un à l'autre selon le film, "ce qui n’est pas exact”, dit-elle. “Puis on utilise ma déposition à la police alors qu’elle n’a jamais été rendue publique”, ajoute la veuve. 

Elle reprend également la façon dont Pierre Goldman est montré à l’écran, s’opposant à ce traitement et affirmant qu’au contraire du film, “Tous les comptes rendus de l’époque attestent que Pierre est resté durant le procès très factuel, mesuré et concentré.” Ce qui semble l’avoir blessée, c’est la dramatisation excessive de son amour pour Goldman, ce qui semble légitime dans la mesure où elle n’a pas été consultée dans le développement du film : “Je ne suis pas un personnage public, j’ai droit à ce qu’on ne romance pas ma vie.” 

Le Procès Goldman : un sommet de cinéma signé Cédric Kahn [critique]