Arte célèbre la star américaine, ce dimanche, avec un documentaire fort sur sa carrière et vie de femme déterminée.
C’est un film culte qui a révélé l’un des sex-symbols hollywoodiens les plus célèbres de la planète : Sharon Stone. Un succès dû notamment à une scène particulièrement osée en 1992 : au coeur du thriller érotique Basic Instinct, l’actrice, sans culotte, croise et décroise ses jambes dévoilant ainsi un instant son anatomie.
Ce film de Paul Verhoeven a fait d'elle une star du jour au lendemain, lors de sa projection événement au festival de Cannes, cette année-là, comme elle le raconte dans le documentaire inédit programmé sur Arte juste après cette rediffusion et intitulé Sharon Stone, l'instinct de survie : "J'étais une simple comédienne américaine en arrivant sur la Croisette… J’étais une star mondialement connue en repartant du festival !"
Déjà visible en replay, ce portrait insiste longuement sur cette séquence, devenue culte partout dans le monde, qui illustre parfaitement les paradoxes de son interprète. Oui, Sharon Stone a rêvé d'être la star de ce thriller érotique. Oui, elle a publié des photos sexuellement explicites pour attirer l'attention du cinéaste en sachant qu'il préparait ce film. Oui, elle savait que cela ferait fantasmer des millions d’hommes. Pourtant, elle a de bonnes raisons pour que cette même séquence reste toujours en travers de sa gorge.
Faisant toujours preuve d'un humour percutant, la comédienne de 66 ans a multiplié les interviews à ce sujet. On la voit ici imiter le réalisateur ou auto-parodier sa réaction hystérique en découvrant que Paul Verhoeven avait utilisé ce plan si explicite de son anatomie, alors qu'il lui avait juré qu'on ne verrait rien à l'écran.
Sous prétexte que sa culotte blanche se verrait trop, "Verhoeven m’a demandé de la retirer. Il m’a promis qu’on ne verrait rien au final", reconnait-elle. En découvrant le film terminé quelques semaines plus tard, dans une salle de projection remplie de producteurs, masculins, qu'elle ne connaissait pas, elle s'est "sentie trahie." C'est là qu'elle détaille, sans jamais perdre son humour, lui avoir passé un énorme savon au téléphone. Avant de comprendre qu'il avait raison sur le fond : cette scène allait marquer l'histoire du cinéma.
"Ce qui m’a choquée, c’est sa trahison. Si j’avais été à la place du réalisateur, j’aurais certainement conservé cette scène. Mais Paul aurait dû me prévenir. C’était un manque de respect."
Payée 500 000 dollars pour incarner la psychopathe Catherine Tramell, là où son partenaire de jeu, Michael Douglas, en empochait 14 millions, elle révèle s'être tellement impliquée dans ce rôle particulièrement difficile qu'elle en a fait des cauchemars, a souffert de somnambulisme... Surtout, deux décennies plus tard, en plein divorce, Basic Instinct a participé à lui faire perdre la garde de son fils aîné, Roan, âgé de 4 ans en 2008. "Le juge a demandé à mon enfant : 'Tu sais que ta mère fait des films sexuels ?'", écrit-elle dans ses mémoires, folle de rage face à cette décision injuste.
Si elle a pu être choquée au fil de son parcours d'actrice -son fameux rire nerveux lors d'une interview en marge du mouvement #MeToo en dit beaucoup- Sharon Stone a plongé dans cette vague de libération de la parole des femmes. En confiant des traumatismes intimes (son grand-père violent avec sa femme et abusif envers ses enfants et petites-filles), mais aussi en se réappropriant son image, en jouant avec publiquement. Comme lors de cette remise de prix où elle se moque du "joli cul" de son partenaire de jeu Michael Douglas, déclenchant les rires du public qui pensait qu'elle allait évoquer la scène culte de la culotte. Une séquence qui aurait pu lui échapper, tant elle a été parodiée, et qu'elle n'a elle-même pas hésité à "rejouer" sur des plateaux télé, toujours avec intelligence et humour.
Quand on lui parle d’agressions sexuelles, Sharon Stone éclate de rireSans rancune envers Basic Instinct ("Ce film a changé le cours de ma carrière et l’on m’en parle encore aujourd’hui, la preuve"), Sharon Stone a trouvé son grand rôle dans Casino, de Martin Scorsese, qui lui a valu une nomination à l'Oscar de la meilleur actrice. Et une fois encore, elle a dû s'imposer dans un univers très masculin. Elle a aussi produit des projets qui lui tenaient à coeur, à commencer par Mort ou Vif, de Sam Raimi, où elle fut d'un soutien sans failles pour son réalisateur, et pour le jeune comédien Leonardo DiCaprio.
Au fil de sa carrière, elle aura aussi essuyé pas mal de flops, à commencer par celui de Basic Instinct 2, pour lequel elle fut enfin payée à la hauteur de son statut de star. Ses échecs, elle les assume autant que ses succès. Ou, comme elle le rappait si bien auprès de James Corden en 2016 : "I'm Sharon Stone, Bitch !"
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