Affiche sorties de films mercredi 5 août 2020
Metropolitan Filmexport/ Arizona Distribution/ Rezo Films

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

GREENLAND- LE DERNIER REFUGE ★★☆☆☆
De Ric Roman Waugh

L’essentiel
Dans un été déserté par les blockbusters, la sortie en salles de Greenland- Le dernier refuge fait figure d’exception. Un film catastrophe avec ce qu’il faut d’effets spéciaux, d’action, de course contre la mort… on en avait presque perdu la saveur. Ici, c’est une comète qui est sur le point de s’écraser sur notre bonne vieille Terre en menaçant de l’engloutir. Et notre héros, un architecte (Gerard Butler) sélectionné par l’Etat américain pour reconstruire le monde d’après reçoit donc un message lui indiquant de se rendre avec sa femme et leur fils dans une base militaire d’où ils pourront décoller vers un abri au Groenland

La première partie de ce Greenland est une réussite incontestable. La mise en place est rapide, la montée en puissance remarquablement orchestrée. Ca se gâte dans la deuxième partie. Les rebondissements s’enchaînent de manière trop forcée, on se perd dans leur histoire de couple et de tromperie mal digérée, on ne sait pas très bien comment terminer ce récit pour faire une happy end mais pas trop happy quand même… Mais qu’importe, le résultat est là : Greenland est un divertissement qui remplit parfaitement son cahier des charges.

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PREMIÈRE A ADORE

DAWSON CITY : LE TEMPS SUSPENDU ★★★★☆
De Bill Morrison

L’essentiel

En 1978, le conducteur d’une pelleteuse a fait une singulière découverte sur le chantier d’un centre de loisirs de la petite ville canadienne de Dawson City. Plus de 500 boîtes contenant des bobines de films, pour certaines datant quasiment du temps de l’invention du cinéma, miraculeusement conservées sous une patinoire. Des films qui racontent le destin mouvementé de cette ville qui connut une expansion fulgurante au moment de la ruée vers l’or avant de sombrer peu à peu dans l’oubli, au gré de la destruction systématique de nombre de ses bâtiments phare par des incendies à répétition. Des films d’actualité, des images d’archives… que Bill Morrison assemble dans ces deux heures envoûtantes en les accompagnant de la somptueuse composition musicale d’Axel Somers (l’auteur de la B.O. de Captain Fantastic). Des documents inestimables pour un documentaire fascinant.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIMÉ
EVA EN AOÛT ★★★☆☆
De Jonás Trueba

C’est un film qui se vit comme un puzzle au fil d’une première quinzaine d’août, dans les rues madrilènes. Le portrait, pièce après pièce, de son héroïne, comme perdue à l’intérieur d’elle- même, dont on va - au fil des rencontres qu’elle va faire et des confidences qu’elle couche dans son journal intime - déceler les raisons de cette mélancolie joyeuse qui semble l’habiter. Elle s’appelle Eva. Elle a 33 ans et a décidé de passer ses vacances à Madrid, que ses amis ont abandonné le temps de l’été. Une parenthèse comme une page blanche pour réécrire un nouveau chapitre de sa vie qui ne lui convient plus tout à fait. Eva en août épouse ses petits pas vers un autre elle- même à la fois espéré et redouté. Qu’il fait bon s’abandonner dans ce pur film d’été où langueur ne rime jamais avec longueurs avec son héroïne superbement incarnée par Itsaso Arana, si naturelle et si juste qu’on pourrait presque croire voir un documentaire sur elle.

Thierry Cheze

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JUST KIDS ★★★☆☆
De Christophe Blanc

Cela fait déjà 12 ans qu’on voit grandir à l’écran Kacey Mottet- Klein, au fil d’une douzaine de films sans fausse note. Just kids confirme ce talent tant dans ses choix que dans la manière puissante de donner vie à l’écran à ses personnages. Souvent des êtes abimés par la vie mais refusant de renoncer face aux obstacles. Comme ici Jack qui, à 19 ans, se voit confier la garde de son petit frère après la mort de leurs parents. Comment assumer une responsabilité d’adulte quand on a encore plein d’idées de sales gosses dans la tête ? Blanc s’appuie sur cette interrogation pour créer un récit qui n’aime rien tant que sortir des sentiers battus pour explorer les multiples facettes (attachantes comme irritantes) de cet ado incapable d’accepter l’amour des autres tant il peine à s’aimer lui- même. Et il révèle au côté de Mottet- Klein, la lumineuse Angelina Woreth qui joue sa petite amie.

Thierry Cheze
 

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L’INFIRMIERE ★★★☆☆
De Kôji Fukada

Auteur des magnifiques Au revoir l’été et Harmonium dont on attend avec impatience Suis- moi je te fuis, fuis- moi je te suis (qui a décroché le Label Cannes 2020), le japonais Kôji Fukada propose ici un singulier portrait de femme. Elle s’appelle Ichiko, s’occupe de personnes âgées à domicile et s’apprête à se marier. Bref une vie heureuse et accomplie jusqu’au jour où tout brusquement bascule. La petite fille d’une de ses patientes disparaît et Ichiko reconnaît le visage de son ravisseur présumé : son propre neveu. Mais elle décide de ne rien dire avant que le secret ne s’évente et qu’elle en paye chèrement le prix. En étant traqué au quotidien par une meute de journalistes cherchant à lui arracher la moindre confidence et en voyant sa vie éparpillée façon puzzle. Fukada raconte cette descente aux enfers cauchemardesque en s’aventurant à petites touches dans une ambiance fantastique proche de l’univers de David Lynch. Et il dresse à travers elle un réquisitoire cinglant contre une société japonaise cachant sous une apparente sérénité nombre de vies détruites par le quand dira t’on et les procès médiatiques. Toute ressemblance avec ce qui se passe dans d’autres pays est bien évidemment purement fortuite. Ou pas.

Thierry Cheze

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WHITE RIOT ★★★☆☆
De Rubika Shah

Les images du climax de ce documentaire sont bien connues des amateurs de punk en général et des spectateurs du film Rude Boy en particulier : The Clash éructant son hymne White Riot, en avril 1978, à Victoria Park, devant près de 100 000 personnes. Ce concert marqua une forme d’apogée pour le mouvement Rock Againt Racism (RAR), fondé dans la deuxième moitié des 70’s par une poignée d’artistes et d’activistes, écœurés par la montée en puissance des thèses racistes du National Front et les délires politiques de rock-stars en roue libre : David Bowie faisant le salut nazi, Eric Clapton apportant son soutien à Enoch Powell (le Jean-Marie Le Pen local) et s’inquiétant de voir l’Angleterre devenir une « colonie noire »… Le documentaire de Rubika Shah raconte en détails comment RAR s’employa à réveiller les consciences, à travers un fanzine (Temporary Hoarding) et diverses manifestations culturelles. Deux choses se jouent ici, en creux : d’abord, un examen de l’éternelle tentation isolationniste de l’Angleterre ; ensuite, une réflexion sur la façon dont le rock a toujours été écartelé entre progressisme et réaction, engagement et désengagement, militantisme et j’m’en-foutisme. Mais Shah ne théorise pas trop, préférant compiler scrupuleusement les faits, les dates, les archives. Pour une plongée dans l’un des moments les plus électrisants de l’histoire pop anglaise, c’est parfois un peu sage, mais néanmoins bourré d’infos précieuses et de témoignages de première main. Et la musique de The Clash, elle, secoue toujours autant.

Frédéric Foubert

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

BIGFOOT FAMILY ★★☆☆☆

De Ben Stassen et Jérémie Degruson

Trois ans après Bigfoot Junior, revoici l’homme velu aux grands pieds et son fils Adam, doué des mêmes pouvoirs de force, de rapidité et de communication avec les animaux. Devenu une star médiatique, Bigfoot délaisse sa famille avant de répondre favorablement à une noble cause : empêcher une action de déforestation en Alaska. Quand il disparaît inexplicablement, sa famille, Adam en tête, va tenter de le retrouver... On retrouve les ingrédients du premier épisode : le message écolo et la filiation contrariée. Le récit est vif, l’animation 3D, excitante. On ne s’ennuie pas vraiment mais on n’est pas non plus surpris par un film qui cite ouvertement Spielberg ou Les Indestructibles

Christophe Narbonne

 

LE DEFI DU CHAMPION ★★☆☆☆
De Leonardo d’Agostino

Au fil de ses exploits, dimanche après dimanche, Christian a mis Rome – en tout cas les supporters de l’AS Roma – à ses pieds. Sauf que son génie footballistique lui est monté à la tête. Et son côté rebelle qui a fait de lui une star sur le terrain va lui valoir un carton rouge hors des stades. Lassé de ses frasques, son président lui met alors un marché en main : reprendre les cours et décrocher son bac avec l’aide d’un prof sous peine sinon de ne plus être aligné. Le Défi du champion joue donc sur le choc des contraires : une superstar richissime arrogante et un quadra fauché mal dans sa peau, forcés à cohabiter, qui finiront évidemment par s’apporter l’un à l’autre ce qui leur fait défaut. Très sage, ce récit donne naissance à un feel good movie attachant mais aussi vite vu qu’oublié. En dépit du toujours parfait Stefano Accorsi et d’un réel talent à mettre en images le foot.

Thierry Cheze
 

Et aussi

Les Blagues de Toto, de Pascal Bourdieux

Chongqing blues, de Wang Xiaoshuai

                                                                                                                       

Reprises
Dernier caprice, de Yasujiro Ozu

La Haine, de Mathieu Kassovitz

Quelle joie de vivre !, de René Clément