Le récit de la destinée mouvementée d’une petite ville canadienne, au gré de bobines de films miraculeusement retrouvées intactes
En 1978, le conducteur d’une pelleteuse a fait une singulière découverte sur le chantier d’un centre de loisirs de la petite ville canadienne de Dawson City, située à 560 kilomètres au sud du cercle polaire arctique. Plus de 500 boîtes contenant des bobines de films, pour certaines datant quasiment du temps de l’invention du cinéma, miraculeusement conservées sous une patinoire. Des films qui racontent le destin mouvementé de cette ville qui connut une expansion fulgurante au moment de la ruée vers l’or avant de sombrer peu à peu dans l’oubli, au gré de la destruction systématique de nombre de ses bâtiments phare par des incendies à répétition.
Des films d’actualité, des images d’archives… que Bill Morrison assemble dans ce documentaire envoûtant en les accompagnant d’interviews de celui qui a découvert les bobines mais aussi d’autres courts métrages de la même époque, des documents journalistiques et des photographies d’Eric Hegg (qui furent la base du court métrage City of gold de Colin Low et Wolf Koenig, récompensé d’une Palme d’Or à Cannes en 1957) et de sous- titres pour resituer en permanence le contexte de ses images. Le tout sans voix off mais avec une somptueuse composition musicale d’Axel Somers (l’auteur de la B.O. de Captain Fantastic). Le résultat est aussi passionnant sur le fond que captivant par sa forme. Récit de plus de 100 ans d’une ville secouée par d’incessantes tragédies jusqu’à s’éteindre à petit feu mais aussi de ce que ses habitants allaient voir au cinéma comme films ou actualités d’époque. Et enchantement pour les yeux que le déroulé de ces images, issues de pellicules auxquelles les ravages du temps nous donnent l’impression de feuilleter un livre de souvenirs que rien ne prédisposait ainsi à traverser à ce point conservées les décennies. Des documents inestimables pour un documentaire fascinant.
De Bill Morrison. Durée: 2h. Sortie le 5 août
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