Cimino n'avait réalisé que huit films dont Voyage au bout de l'enfer, La Porte du paradis et L'Année du dragon.
Michael Cimino est mort samedi 2 juillet 2016, d'après Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes qui a le premier révélé l'information sur son compte Twitter. Cimino avait 77 ans, deux Oscars, et n'avait pas réalisé de long-métrage depuis vingt ans. En tout, il n'avait réalisé que huit films.
Dernière rencontre avec Michael Cimino
Il y avait beaucoup de légendes dans sa vie. On ne connaissait pas sa vraie date de naissance. Formé à la peinture à l'université de Yale, cet Italo-américain de la troisième génération monte à New York dans les années 60 après cinq mois d'armée (il ne combat pas) et se fait rapidement un nom dans la pub télé pour ses spots visuellement intenses. En 1971, il passe West Coast pour devenir scénariste à Los Angeles. Après des dizaines d'essais infructueux, son script de Thunderbolt & Lightfoot, inspiré par une idée de son agent, est acheté par Clint Eastwood, qui lui donne la chance de réaliser le film ; mais avant il co-signe Silent Running (1972) de Douglas Trumbull et retravaille le script de John Milius pour Magnum Force d'Eastwood, le deuxième Inspecteur Harry. Ensuite Cimino passe au long avec Thunderbolt & Lightfoot, devenu Le Canardeur en VF, sorti en 1974 avec Clint et Jeff Bridges en braqueurs de banque. Gros succès qui lui permet de tourner The Deer Hunter (Voyage au bout de l'enfer), son film suivant qui va lui donner la gloire. Une histoire de copains partis à Las Vegas jouer à la roulette russe devient une odyssée de trois heures racontant comment des amis métallos d'origine polonaise sont broyés par le Viet-Nam. Film d'une époque, film de rites et de mort, élégie morbide qui se relie aussi bien au Parrain (Robert de Niro, John Cazale, la grande geste américaine) qu'au futur Apocalypse Now (l'impérialisme qui rend fou). Triomphe en salle et cinq Oscars raflés l'année suivante dont meilleur réalisateur et meilleur film.
Après c'est La Porte du Paradis : Cimino ressuscite un des scripts de ses débuts (The Johnson County War) pour signer ce qu'il espère être le western définitif, avec Kris Kristofferson, Christopher Walken et Isabelle Huppert au cœur de la dernière bataille pour la conquête du sol américain. United Artists lui donne les pleins pouvoirs. La suite est connue. Après un tournage épique, Cimino explose le budget de départ (on parle d'un passage du simple au triple) et rend au studio une copie de 325 minutes en juin 1980, avec six mois de retard sur la date de sortie prévue. "La route de l'excès mène au palais de la sagesse" : Cimino accepte de couper dans son film. Il ne fait plus que 219 minutes et sa première en novembre 1980 est un désastre. La carrière de Cimino ne s'en remettra jamais. Tous ses films suivants seront des flops. Même L'Année du dragon (1984), son dernier chef d'oeuvre co-écrit par Oliver Stone pour Dino de Laurentiis avec Mickey Rourke.
L'Année du dragon, le dernier chef d'oeuvre de Cimino
Ensuite c'est Le Sicilien (1987) avec Christophe Lambert en Salvatore Giuliano, le remake de La Maison des otages (1990) avec Rourke et enfin l'oublié Sunchaser (1996) avec Woody Harrelson et c'est déjà fini. Cimino, qui avait écrit un nouveau récit collectif américain avec Voyage au bout de l'enfer, ne réalisera plus jamais de long film. Sa dernière œuvre se trouve dans le film collectif A chacun son cinéma (2007), aux côtés de trente-trois autres réalisateurs classiques-cannois (les Coen, Angelopoulos, Lelouch, Moretti, Lynch, Kitano, Oliveira...). Un tout petit court-métrage avec une caméra qui joue avec des enfants dans la forêt.
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