Jack et la mécanique du cœur est le premier film de Stéphane Berla et Mathias Malzieu (leader du groupe Dionysos). Adapté de son propre roman, le film raconte l’histoire d’un bébé qui naît en Ecosse par un jour de grand froid et dont on remplace le cœur gelé par une horloge qui dépassera pour toujours de la poitrine du héros. Ce dernier va devoir faire sien le mot de Mallarmé tiré d’Igitur - « j’ai toujours vécu mon âme fixée sur l’horloge » - puisque pour survivre, notre héros est obligé de suivre trois règles afin de ne pas endommager son horloge, son petit coeur mécanique. La plus dure : ne jamais tomber amoureux. Evidemment, lorsqu’il rencontre Miss Acacia son mécanisme ne fait qu’un tour, ses aiguilles s’emballent et c’est le début d’une aventure où Jack va croiser toute une galerie de personnages hauts en couleurs, parmi lesquels Jack l’éventreur et... Georges Méliès, qui se déplace comme un automate, saccadé et gracieux.Méliès ?On le sait depuis ses premiers disques : Malzieu/Dionysos est le maître d’un royaume enchanteur, un bateau pirate ivre de références, qui mélange Burton, Lewis Carroll, Boris Vian, le western spaghetti… Et son étrange obsession pour Méliès. L’une des idées (brillantes) de casting du film, c’est d’avoir confié ce rôle, cette voix plutôt, à Rochefort. Jean Rochefort en Méliès, c’est le type d’évidences lumineuses, une idée, comme ça, qui passe par la tête, s’y incruste comme une mélodie, et qui s’impose – comme le voir en Don Quichotte chez Gilliam. D’ailleurs, Rochefort le dit lui-même dans cette vidéo : « je n’aurais pas supporté qu’il y ait une autre voix que la mienne pour Méliès ». Nous non plus. Il suffit de voir quelques plans du making of : Jean Rochefort y est splendide, comme toujours, comme dans l’inconscient collectif français. C’est frappant de voir à quel point ce grand type moustachu parvient à habiter un rôle pareil, symbole même de la poursuite des illusions, des mirages idéalistes et des rêves de pellicules. Il apporte une fragilité, une folie, une dimension grotesque à ce zébulon génial, archéologue du cinéma. Mine de rien, grâce à cette présence tutélaire, le film devient (aussi) une évocation de la logique funambulesque du cinéma, une rêverie peuplée de fantôme et de mécanismes d’horlogerie, qui séduit par son panache et son inventivité luxuriante. Les moustaches de Rochefort, forcément, se devaient d’être là.Jack et la mécanique du coeur, avec les voix de Mathias Malzieu, Olivia Ruiz, Grand Corps Malade et Jean Rochefort, sort en salles le 5 février 2014
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EXCLU VIDEO - Jean Rochefort est Méliès dans Jack et la mécanique du coeur
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