Le film- culte du regretté Harold Ramis a les honneurs ce soir de Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard sur France 5
Un scénario inspiré… par une histoire de vampires
Sorti en France au cœur de l’été 1993, Un jour sans fin met en scène un journaliste météo condamné à revivre indéfiniment la même journée. Une comédie- culte écrite par Dany Rubin. Son tout premier scénario pour le cinéma dont l’idée lui est venue en lisant Lestat le vampire d’Anne Rice (qui reprenait le personnage qu’elle avait créé dans Entretien avec un vampire) autour d’une question assez basique : comment occuper un temps illimité sans tomber dans la routine ennuyeuse ? Mais très vite il se rend compte que mettre en images une vie éternelle va exploser tous les budgets et qu’aucun producteur ne prendra un tel risque pour un scénariste débutant. Alors il va mixer cette idée avec un concept qui lui a traversé la tête quelques mois plus tôt : un homme qui se réveille chaque matin en constatant qu'il s'agit de la même journée se répétant inlassablement. Ainsi naîtra Un jour sans fin dont il va choisir de situer l’action le 2 février, le « jour de la marmotte », une fête populaire américaine mais dont le cinéma ne s’était jamais jusque là emparé. A la recherche d’un agent, Rubin envoie son scénario à Richard Lovett, l’agent de CAA, qui le donne à lire à l’un de ses clients, Harold Ramis, rendu mondialement célèbre par son personnage du Docteur Egon Spengler dans SOS Fantômes mais dont le dernier long métrage comme réalisateur, Club Paradis (avec Robin Williams) remontait à 1986 et avait connue un échec cuisant qui l’avait meurtri. Ramis accroche immédiatement à ce qu’il voit comme une comédie sur la rédemption et embarque le projet à la Columbia.
Un rôle décliné par Tom Hanks
C’est à Tom Hanks qu’Harold Ramis pense spontanément pour camper ce présentateur météo peu aimable qui va, par amour, se métamorphoser au fil de ces journées sans fin. Mais le comédien révélé cinq ans plus tôt par Big lui assure qu’il est alors trop enfermé dans les rôles de « gentil » pour que le principe d’évolution proposé par le scénario fonctionne chez les spectateurs s’il en tient le personnage central. Approché, Michael Keaton n’accroche pas et décline à son tour, geste qu’il avouera regretter des années plus tard. Dany Rubin propose alors le nom de Kevin Kline mais Harold Ramis va lui préférer Bill Murray, son complice de longue date qui fut le héros de son premier long métrage, Le Golf en folie. Rubin doute de sa capacité de jouer l’arc complet du personnage, du cynique à l’amoureux éperdu. Mais Ramis lui assure que Murray saura à la fois être méchant à souhait et se faire aimer des spectateurs. Un choix gagnant qui pourtant marquera la fin de 20 années d’amitié entre les deux hommes, suite à des désaccords sur le projet, Murray voulant développer l’aspect comédie, Ramis insister sur la rédemption. La promotion se fera dans une ambiance glaciale, Murray allant jusqu’à refuser de parler de son réalisateur en interview ! En 2005, Ramis tentera de renouer avec lui en lui proposant de jouer dans Faux amis. Par son frère, le comédien lui fera parvenir une fin de non- recevoir. Ils ne recroiseront qu’en 2014 peu avant qu’Harold Ramis ne s’éteigne d’une grave maladie à seulement 69 ans et se réconcilieront
Une deuxième vie en comédie musicale
Le succès d’Un jour sans fin en salles a pu laisser un temps penser à une suite, forcément vite tuée dans l’œuf par la brouille Murray- Ramis. Le film aura droit en 2014 à son remake italien È già ieri signé par Giulio Manfredonia. Et initié dès les années 1990 par Dany Rubin, le projet d’une comédie musicale – un temps passé dans les mains de Stephen Sondheim (Sweeney Todd, Into the woods…) – finira par voir le jour en 2017 et se verra récompensé des Tony Awards du meilleur acteur (Andy Karl qui a repris le rôle de Bill Murray) et de la meilleure nouvelle comédie musicale de l’année.
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