"Plutôt contente d'avoir participé à ce remake de Don't Look Up", Léa Drucker défend les César
Instagram @leadrucker

Elle salue l'irruption de la militante écologiste sur la scène de la 48e cérémonie tout en assurant qu'elle n'a pas voulu prendre la parole lors de la cérémonie.

La séquence a été coupée de la retransmission des César 2023, mais elle aura finalement fait beaucoup de bruit : une jeune femme, militante écologique, est montée sur la scène de la 48e cérémonie, vendredi soir, avec un t-shirt disant en anglais qu'il ne nous reste plus que 761 jours. Pour ? Il s'agit en fait d'un compte à rebours inspiré par le dernier rapport du Giec, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, qui dit que si les gaz à effet de serre ne sont pas limités d'ici deux ans (2025), alors le réchauffement climatique ira au-delà de +1,5 degrés, l'objectif annoncé lors de l'accord de Paris. Ce qui laisse donc à toutes les populations de la planète moins de 800 jours pour prendre des mesures et tenter d'inverser la tendance.

La jeune femme s'appelle Nina et elle a rapidement expliqué son geste dans la presse, avant que Léa Drucker, présente sur la scène lors de cette intervention pacifique, ne réagisse sur son compte Instagram.

Voici tout d'abord le message publié par Dernière Rénovation dès vendredi :

César 2023 : l’irruption d’une militante écolo, le moment de gêne de la soirée

Et voilà la retranscription du post de Léa Drucker, intitulé "STATUES", dans lequel elle salue l'acte de cette militante cherchant à éveiller les consciences face à l'urgence climatique. Elle compare alors cette situation à celles dénoncées dans le film d'Adam McKay Don't Look Up, dans lequel des militants écologiques tentent d'avertir les populations qu'une météorite va détruire le monde, mais que personne ne les croit. Une analogie faite précédemment sur les réseaux sociaux pour se moquer justement de sa réaction et de celle d'Ahmed Sylla, présent sur la scène à ses côtés : ils sont tous les deux souriants alors que le message que tente de communiquer la militante n'a rien de drôle.


"Cette photo, qui nous statufie Ahmed et moi dans cette caricature d'humains inconscients, à la manière de Don't Look Up d'Adam McKay, aura peut-être servi à quelque chose. 

Nos rires sont des rires de gêne et non des rires moqueurs. Le rire de celui qui sait qu'il est dans la merde, mais qui ne veut pas transmettre son angoisse à la télévision, et devant cette salle. Et j'invite celles et ceux qui un jour auront à animer en direct, quand ce n'est pas votre métier, à expérimenter cette panique de l'imprévu, quand l'objectif était d'essayer de vous faire passer un bon moment. 

Il n'est agréable pour personne d'être utilisée comme une marionnette, encore moins de servir de papier peint pour des gens qui ne prennent pas la peine de vous appeler pour savoir ce qu'il s'est réellement passé sur cette scène des Césars. 

Evidemment il aurait fallu informer les téléspectateurs à la reprise du direct, de ce qu'il venait d'arriver et de l'action revendiquée. Encore aurait-il fallu, Ahmed et moi, que nous soyons informés de cette cause que Nina venait défendre. Je lui ai demandé si elle voulait dire quelque chose et elle m'a fait signe que non. Il n'y a pas eu de violence, elle s'est allongée par terre, sous mes yeux, et les personnes chargées de la sécurité l'ont évacuée en coulisses.

Evidemment que j'ai conscience de l'urgence climatique, et que je m'inquiète de l'avenir de notre planète, et de celui de nos enfants.

La cérémonie des Césars, qui ne voulait plus servir de tribune politique, a toutefois réussi à mettre en avant les atrocités commises en Ukraine, l'injustice et les violences ignobles commises par le pouvoir en place en Iran.

Les remettants et les récompensés ont aussi parlé du drame des violences faites aux femmes, des inégalités hommes-femmes, de la lutte contre les différences et je trouve formidable de l'avoir fait de façon collégiale. 

Mais ni l'académie des Césars, ni aucun d'entre nous d'ailleurs, n'ont évoqué l'urgence climatique durant la cérémonie, c'est vrai. C'est bien là le problème, et c'est bien le constat que ce sujet continue chaque jour d'être difficile à conscientiser dans la société.
Et je me pose plusieurs questions : Pourquoi n'y a-t-il personne pour aller manifester contre le réchauffement climatique ? Pourquoi n'y a-t-il pas un sujet sur cette urgence en ouverture de chaque journal télévisé ? Pourquoi les gens s'achètent chaque année les derniers téléphones ? A s'envoyer des selfies à l'infini et à regarder des séries sur les plateformes quand on sait que ça fait exploser les pollutions numériques ? (et je m'inclue entièrement dans ces constats). Pourquoi ne vont-ils pas voter massivement pour changer les choses?…
Si vous pensez que c'est en faisant un happening aux César que les choses vont changer, alors rendez-vous en maillot de bain en février 2050.

Aujourd'hui, on comble notre culpabilité collective à ne rien faire, en se drapant de nos vertus. Alors bien sûr, le cinéma peut faire quelque chose, mais si vous pensez qu'on va enrayer le dérèglement climatique avec des films, je crains pour nos enfants.

Et pour finir, je suis plutôt contente d'avoir participé à ce remake de Don't Look Up. Si ça a pu servir à quelque chose."

César 2023 : le triomphe de La Nuit du 12, Virginie Efira et Benoit Magimel [palmarès]