Blitz
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Loin de ses œuvres conceptuelles, Steve McQueen signe son film le plus grand public : une traversée émouvante, à hauteur d’enfant, de Londres en plein blitz.

Cinéaste impérieux, artiste d’avant-garde, auteur intimidant de Hunger et 12 Years A Slave, Steve McQueen est aussi un grand enfant. Plus précisément, c’est un réalisateur qui, en vieillissant, se connecte de plus en plus souvent à sa part d’enfance.

Son polar Les Veuves était l’adaptation d’une série qu’il regardait dans sa jeunesse, Education (dernier épisode de son anthologie Small Axe), un autoportrait de l’artiste en misfit du système scolaire, et le voici avec Blitz collant aux basques d’un garçon de neuf ans égaré dans le Londres bombardé par les Allemands. Un film d’aventures à hauteur d’enfant, comme on dit, quelque part entre Oliver Twist et Hope and Glory.

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Le film s’inspire des déchirantes histoires de ces familles séparées au moment du blitz, quand les autorités envoyèrent 1,25 millions de Londoniens en sécurité à la campagne, dont la moitié d’enfants, partis sans leurs parents. McQueen, sentimental et tranchant à la fois, s’inscrit dans la veine du ciné patriotique british, ambiance « keep calm and carry on », tout en bousculant par petites touches les représentations traditionnelles (le petit héros est un métis qui va faire une expérience accélérée du racisme de la société britannique) et en poursuivant son travail sur la représentation des corps (visions puissantes de cadavres figés dans l’effroi).

La plupart des grands cinéastes anglais, de Boorman à Nolan, ont un film de Seconde Guerre mondiale sur leur CV. Steve McQueen est un grand enfant, c’est aussi un « Sir » (anobli par la Reine en 2020). Il se devait d’avoir le sien.

Blitz sort au cinéma en France le temps d'un week-end, les 9 et 10 novembre, avant d'arriver en streaming sur Apple TV+ le 22 novembre