Claude Lanzmann signe ici le quatrième round du combat de sa vie : témoigner de l’extermination des juifs par les nazis. Le Dernier des injustes revient sur un épisode particulier de l’Holocauste. En
recueillant les confessions de Murmelstein, le cinéaste raconte l’histoire de ce rabbin qui, pendant des années, joua un rôle ambivalent auprès d’Eichmann à Vienne, puis au camp de Terezín en tant que doyen du Judenrat, le conseil juif. Outre les propos de cet « injuste » et par-delà les discussions passionnantes sur le cas Arendt, le film met surtout en scène le retour du réalisateur sur les ruines
de ce camp. Tour à tour philosophe, professeur d’histoire, orateur intarissable et rageur, il paraît fatigué, accablé, usé par l’ascension d’un escalier ou par la récitation de ses commentaires. Ces moments poignants rappellent que, sa vie durant, Claude Lanzmann n’aura cessé de chercher à s’immerger dans les yeux de la mort, d’affronter les Enfers en tentant d’en revenir vivant.