Claire Foy est la reine du petit écran.
Après avoir bluffé tout le monde l'an dernier, avec une première saison souveraine, Peter Morgan revient cet hiver avec la suite de The Crown. Et si l'on s'accorde pour dire qu'il est bien plus difficile de confirmer que d'épater, alors cette saison 2 n'est rien de moins qu'une véritable prouesse. Toujours aussi admirablement écrite, encore filmée de façon luxuriante, dans des décors à couper le souffle, la série Netflix s'affirme comme un chef d'oeuvre du petit écran.
On repart en 1956. Philip prend la mer pour 5 mois, histoire de rendre visite au Commonwealth et d'ouvrir les Jeux Olympiques de Melbourne. Il laisse dernière une Elizabeth rongée par le doute, alors que son mari semble de plus en plus distant, désabusé par sa vie dans l'ombre écrasante de sa Reine de femme. Et puis le secrétaire particulier et grand ami de Philip est un coureur de jupons, pas franchement intéressé par sa propre vie de famille. Tant et si bien que son épouse s'organise pour demander le divorce. Un nouveau scandale menace d'éclabousser la Monarchie, alors que le pays vit des heures sombres, humilié par la crise du Canal de Suez, repris par les Égyptiens...
L'histoire de la couronne britannique s'écrit donc à nouveau sous nos yeux ébahis. Fascinés que nous sommes par la vie extraordinaire de cette royauté d'outre-Manche, qui nous semble si improbable, vue de la République Française. Bien sûr, il y a quelque chose de grand-guignolesque dans les us et coutumes de Buckingham Palace, tellement engoncé dans ses principes et ses traditions. Tellement déconnecté de la réalité du monde du XXe Siècle. Et pourtant, les passions d'Elizabeth et ses proches nous font indubitablement vibrer.
Et la première des raisons, c'est Claire Foy. L'actrice anglaise, sacrée aux Golden Globes en janvier dernier, livre encore de manière certaine, la plus grande performance de l'année dans un drama. Avec ses grands yeux bleus et son phrasé royal, elle est tout le temps convaincante en Elizabeth, amoureuse, dévouée, mais aussi terriblement consciente de son rôle et de sa place. D'une élégance et d'une éloquence rares, elle nous bouleverse, nous intrigue, nous charme. Sa relation tumultueuse avec Philip, au cœur des premiers épisodes, est sublimement écrite et fonctionne aussi parce que Matt Smith est génialement insaisissable, en Prince boudeur.
Plus encore que dans la saison 1, chaque épisode de The Crown 2 se plaît à nous conter une intrigue complète, consacrée à un sujet précis, que ce soit la crise de Suez, les malheurs de la Princesse Margareth ou la venue du jeune Président Kennedy (Michael C. Hall) et de Jacky au Palais. À chaque fois, on passe une heure "so delightful", et on revit de façon subjuguante une page de l'Histoire britannique.
Et finalement, peu importe que les choses se soient passées exactement comme ça ou pas. On ne saura jamais si les sublimes propos que Peter Morgan souffle à ses personnages ont vraiment été prononcés à l'intérieur des murs de Buckingham. La réalisation lumineuse, chaleureuse, presque théâtrale, l'emporte sur l'envie d'un biopic froid et documentariste. The Crown 2 a surtout envie de nous passionner. Mission accomplie, majestueusement.
La saison 2 de The Crown, en 10 épisodes, sera mise en ligne par Netflix en France et dans le monde ce vendredi 8 décembre 2017.
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