- Fluctuat
Voir Van Helsing, c'est un peu comme aller à la Foire du Trône : beaucoup de lumière, de bruits, de promesses pour un tour de manège qui revient cher, abrutis légèrement et laisse sur sa faim. Cet étrange patchwork se révèle inégal, décousu et semble témoigner d'un cruel manque d'imagination.
Gabriel Van Helsing, incarné par le très fin Hugh Jackman, est au service "secret" d'une puissante organisation du type Vatican. Sa mission : combattre le Mal. Cette lutte, difficile, fait de lui un chasseur pourchassé qui ne connaît guère de répit. Délégué par Rome pour nettoyer la Transylvanie de Dracula, il va devoir livrer d'épiques combats au cours desquelles on croisera les 3 maîtresses du Comte, des Loups-garous, le monstre de Frankenstein...L'ouverture du film est plutôt réussie et attise notre curiosité. Le héros poursuit le docteur Jekyll (ou Mister Hyde) sur les tours de Notre-Dame. Les effets numériques ne sont pas discrets, mais plutôt efficaces, et l'introduction globalement réussie. S'ensuit une amusante scène d'exposition qui parodie ouvertement les James Bond : un moine-savant explique l'utilisation de divers gadgets au héros qui en est déjà bien équipé. Sorte d'homme couteau-suisse, Van Helsing semble, en effet, pouvoir sortir tout type d'objets métalliques de ses petites menottes. Utile lors d'un pique-nique improvisé, il s'avère vite ennuyeux au cinéma.Personnage secondaire dans le livre de Bram Stoker, ce nouveau super héros a bien du mal à s'imposer. Simplement parce que rien n'est fait pour lui conférer une quelconque épaisseur. On comprend pourtant, par bribes éparses, que le réalisateur s'est complètement réapproprié le personnage pour en faire un héros éternel, porteur d'un étrange passé. On en reste là, et c'est frustrant, car la performance d'acteur de H. Jackman, sorte de clone lisse dernière génération de Steven Seagal, n'apporte rien de plus.Est-ce sa faute ? Pas totalement. Car le réalisateur/scénariste/producteur, à trop vouloir incorporé de matière dans son récit, ne régurgite finalement qu'une bouillie inconsistante. Le parti pris, assumé, de mélanger tous les Monstres possibles (« des studios Universal » dixit Stephen Sommers), relègue tout le monde au second plan. Même Dracula est décevant : peu présent, ses premières apparitions laissaient pourtant espérer un savoureux dégénéré gothique susceptible d'attirer la sympathie et de surprendre. Quant aux thèmes associés à ces caractères légendaires, ils sont à peu près ignorés. On notera que la dimension sensuel et sexuel de Dracula laisse la place à un farouche désir de reproduction. Désir omniprésent, certes, mais qui ne donne lieu à aucun développement intéressant si ce n'est un nouveau plagiat (Alien cette fois).Que reste-t-il alors ? Des effets spéciaux, numériques et visuels qui illustrent des scènes d'actions plutôt réussies mais vite répétitives. La déception est d'autant plus grande que le film semble se déliter, s'effilocher au fil des minutes. Au point que l'on se demande si les acteurs sont vraiment mauvais ou si Sommers les rend délibérément ridicules en sabordant ce qu'il sait être raté. Jusqu'à la dernière scène (romantique), franchement niaise, qui finit par nous arracher un sourire. L'un des premiers, bien sûr, car ce qui aurait pu être une compilation de parodies jouant sur le second degré se prend, hélas, beaucoup trop au sérieux.Il n'y avait donc pas grand intérêt à convoquer cette galerie de personnages qui ne supportent guère un voisinage encombrant.Un patchwork étrange, inégal, décousu et une pénurie d'imaginaire qui se confirme dans les nombreux emprunts formels (James Bond, Indiana Jones, La Belle et la Bête ).Van Helsing
Un film de Stephen Sommers
Avec : Hugh Jackman, Kate Beckinsale
Sortie nationale le 5 mai 2004[Illustrations : droits réservés UIP]
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Van Helsing