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Au fil de ces interventions, filmées avec une belle tenue dans l'écoute de la parole et le demi-jour des cabinets de travail, des propos surprenants et passionnants affleurent. A Barcelone, Manuel Forcano, traducteur du poète Yehuda Amichaï (1924-2000) en catalan, avoue l'influence du rénovateur de la littérature israélienne sur sa propre poésie. A Acre, Ala Hlehel, traducteur d'origine palestinienne du dramaturge Hanoch Levin (1943-1999) en arabe, explique comment il doit procéder "au meurtre de la langue du père" pour faire passer la concision de l'hébreu dans l'efflorescence de l'arabe classique. Traduire, voyage polyglotte dans la chair de la langue, ouvre ainsi une entreprise érudite à la sensibilité.
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Rien de fastidieux. Au contraire. Quelque chose de rassurant, semblable au bercement familier d'un chant très ancien, plane dans ce documentaire d'écoute, dernier volet d'une trilogie débutée en 2004. Les récits déployés - exprimés en catalan, allemand, français, italien... - éclairent enfin les compromis, voire les sacrifices, que toute traduction implique. Beau périple, à travers la mémoire et la musique des mots.
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De ce dispositif Babel (...) à l'austérité maximale (...) et théorique, naît pourtant - Pour peu qu'on délaisse l'aspect cinéphilique - un passionnant questionnement sur la transmission et l'interprétation des textes, sujet ô combien épineux, dans le contexte religieux.
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Les questionnant sur leur méthodologie, leur implication, mais surtout la responsabilité personnelle, universelle (et politique) d’une traduction. Un sujet passionnant qui transcende l’extrême austérité de la mise en scène réduite au simple copié-collé d’entretiens sèchement filmés face caméra.