Toutes les critiques de The Apprentice

Les critiques de Première

  1. Première
    par François Léger

    Comment Donald est-il devenu Trump ? Ali Abbasi (Border, Les Nuits de Mashhad) ausculte le futur président américain dans les années 70, alors aspirant entrepreneur immobilier mais déjà armé d'un appétit féroce pour la gagne, l’argent et le clinquant. L'idée de ce biopic pas si conventionnel dans la forme - l'image traitée façon VHS usée, gimmick a priori un peu lourdingue, apporte finalement pas mal à l'objet - est de raconter l'origine du mâle à travers sa faille originelle : un père tyrannique impossible à rendre fier. Mécanisme psychologique simplissime, mais que Sebastian Stan vend admirablement entre imitation light de la bouche en cul de poule de Trump et réelle liberté de mouvement.

    Face à lui, Jeremy Strong (la série Succession) incarne Roy Cohn, mentor autant que papa de substitution. Regard magnétique et mouvements reptiliens… L’acteur est immense dans la peau de cet avocat véreux, pilier du maccarthysme, qui va se faire dévorer par sa création. Un grand film se cache dans ces scènes de relation vampirique (Cohn attrape le Sida et décline à vue d'oeil, alors que Trump ne cesse de prendre du poids), mais The Apprentice faiblit à chaque passage obligé (la construction de la Trump Tower…) et redescend alors au niveau d’un - bon - téléfilm HBO. L’autre erreur du projet est d’insister sur le fait que l’ère de la post-vérité aurait été en germe dès le départ chez Donald : cliché de biopic dont Abbasi n’avait pas besoin pour décortiquer la personnalité trouble de son sujet.