Toutes les critiques de Paris Stalingrad

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    « Que voulez-vous de nous ? Nous ne sommes pas des terroristes ! » Cette phrase lancée par un migrant aux forces de l’ordre chargés de les dégager lui et ses camarades des abris d’infortune où ils se sont installés pour passer leurs courtes nuits et leurs jours sans fin résonne fort dans une époque où tant de politiques ciblent l’étranger comme le danger. Avec Paris Stalingrad, Hind Meddeb et Thim Naccache sont partis à la rencontre de ces exilés, confrontés à la dure réalité de cette ville lumière dont ils rêvaient comme d’un eldorado. Leur film ne prétend nullement à l’objectivité, ne s’envisage pas comme une enquête et ne donne d’ailleurs pas la parole à ceux qu’il met en cause : politiques, administration… Paris Stalingrad ne cherche pas à expliquer mais donne à voir et à entendre ces survivants qui, depuis des mois, enchaînent les obstacles au péril de leur vie. Ces femmes et ces hommes qui font la une des JT quand leurs campements de fortune sont détruits au petit matin avant de retourner à l’invisibilité. Ce documentaire joue sur le temps long, mêle les situations de violence administrative et de brutalité policière vécue par ces exilés, l’engagement des volontaires à leurs côtés et des échanges avec ces déracinés, tout particulièrement l’un d’entre eux Souleymane, ado de 18 ans arrivé du Darfour après un périple de 5 ans et dont les poèmes accompagnent le récit. Politique, Paris Stalingrad l’est évidemment mais les rimes de Souleymane mêlés aux moments d’errance dans la rue de ces migrants perdus dans la ville, en font aussi un beau film poétique.