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C’est une de ces histoires vraies que peu de scénaristes auraient osé imaginer. Ou comment un pianiste syrien sélectionné pour une audition à Vienne va voir ce moment de basculement potentiel d’une vie bousculée par la guerre dans son pays et la haine de toute forme d’art chez les soldats de l’Etat Islamique qui, en détruisant son piano, le contraigne à un voyage incertain pour en retrouver des pièces et le réparer. Pour son premier long (Label Cannes 2020), Jimmy Keyrouz raconte la terreur dans ce qu’elle peut avoir de plus abjecte (un homosexuel balancé d’un toit, les livres qu’on brûle pour effacer l’histoire d’un pays…) mais en assumant pleinement un côté mélo. L’équilibre est fragile, frôle parfois la sortie de route mais ce geste audacieux emporte la mise, aidé par le remarquable travail de la photo Joe Saade dans une Syrie reconstituée dans un Liban en ruines.