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Dernier-né des films tournés en caméra subjective façon Projet Blair Witch, Le Dernier Exorcisme commence par une intéressante mise en abyme grâce à laquelle le réalisateur Daniel Stamm semble vouloir commenter la relation que les gens du spectacle entretiennent avec leur public. Le personnage principal est un faux prédicateur qui en a marre d’arnaquer les ploucs et entreprend, à des fins éducatives, de se faire filmer en train de pratiquer un exorcisme bidon. Le problème, c’est que sa « cliente », une fermière adolescente, est vraiment possédée ! L’escroc est bien emmerdé. Le réalisateur aussi : pour prendre ce virage à 180 degrés (du réalisme au fantastique), il va quand même devoir assumer la contrainte de départ, à savoir le filmage en direct par une équipe vidéo. Évidemment, c’est mission impossible. Pas grave, il fait quelques entorses : un changement d’axe ici, un plan de coupe par là, quelques effets de montage et un peu de musique d’ambiance, ni vu ni connu. Stamm a la même attitude condescendante envers son public que le bateleur qui fabrique en toute bonne foi du Grand-Guignol à l’usage des pauvres ignorants.
Toutes les critiques de Le Dernier exorcisme
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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par Yann Lebecque
Ce Dernier Exorcisme emprunte suffisamment de détours, avant un final choquant, pour ne jamais ennuyer. Derrière la caméra, Daniel Stamm fait un travail formidable.
Toujours sur le modèle du Projet blair witch, revoici un film d'horreur sous forme de faux documentaire. (...) On tremble et on se régale.
Depuis « l’Exorciste », de William Friedkin (1974), la veine « vade retro, Satanas » accouche régulièrement de gros nanars. « Le Dernier Exorcisme » est largement au-dessus du lot. On tressaille jusqu’aux portes de l’enfer avec l’ébouriffant Patrick Fabian.
C'est ainsi que l'on peut voir Le Dernier Exorcisme, bonne surprise du genre, comme une métaphore sur le cinéma d'horreur lui-même.
Comment le spectateur devenu incrédule par un siècle d'épouvante cinématographique peut-il se remettre à croire ? Comment, alors que cinéastes et producteurs spécialisés dans l'épouvante ont désormais opté pour le cynisme, espérer retrouver la foi ? Comment, alors que la technique des effets spéciaux est désormais familière aux amateurs du genre, continuer de faire peur à ceux-ci ? C'est cette énergie, ce mouvement irrépressible de la machine à divertissement qui est allégoriquement illustré par l'habile film de Daniel Stamm.
Sous couvert de nous servir la messe noire d'une comédie fantastique filmée dans le style Blair Witch Project ou Cloverfield, ce Dernier exorcisme s'avère être une oeuvre iconoclaste jubilatoire, à l'ironie ravageuse, qui dessine, à grands coups de goupillon, le portrait cynique d'une Amérique bigote et crédule avalant les couleuvres des prédicateurs comme des hamburgers. Les acteurs, méconnus mais "possédés" par leurs rôles, ajoutent de la véracité au film, aussi drôle qu'effrayant, qui finit par nous faire rire jaune... comme le soufre. Quant au dénouement, inattendu, il est, comme il se doit, diabolique...
Une fois oublié le concept de faux documentaire à la Blair Witch qui ne fonctionne que cinq minutes, le film contient des moments extrêmement efficaces dans l'épouvante, une atmosphère troublante et des acteurs convaincants. Il n'évite cependant pas les clichés du genre ni une fin ridicule.
Sang pour sang vrai. Eli Roth, réalisateur de la saga Hostel, s'est penché comme producteur sur le berceau de ce documenteur réalisé par le débutant Daniel Stamm. Le Dernier Exorcisme commence comme une comédie où un prédicateur véreux mais repenti explique à une équipe de télé comment il piège les bouseux. Croix truquées et décharges électriques ont tôt fait de convaincre ces clients qu'il a le dernier mot sur le Malin. Dans la seconde partie du film, ce dernier prouve qu'il mérite son nom.
Hormis une fin grand-guignolesque, Le Dernier Exorcisme est une réussite. Stamm fait monter la tension autour d'une ado possédée et son père bas du front. Un clin d'œil bienvenu à L'Exorciste de William Friedkin achève de rendre l'ensemble recommandable.
Après avoir esquissé quelques bonnes idées (transposition de l’action dans la Louisiane redneck ; soupçon d’inceste pour justifier la folie de la possédée), le film produit par Eli Roth (tout est dit) retombe dans les poncifs du genre, avec succube adepte du blow job et retour de croyance du pasteur. Il n’y a plus guère que la caméra pour trembler.
(...) malgré de vrais bons moments, et une projection globalement satisfaisante, on reste sur notre faim. Peut-être parce qu’on s’attendait à vraiment être terrorisé - ce que l’on n’est jamais. Le film pèche par sa conclusion qui tient désormais de la formule clé en main. On ressort estomaqué par le peu d’ambition d’un final éculé qui ne manifeste pas assez d’audace et d’intelligence pour justifier à nouveau ce procédé répétitif du documenteur.
En un fragment de seconde, on perd la foi dans les intentions du réalisateur, Daniel Stamm, alors qu’il clôt l’intrigue abruptement sur ce qui aurait dû rester un simple rebondissement et non devenir le point culminant et surtout final de l’histoire.