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Quelle année pour le cinéma indien ! Après All we imagine as light (premier film indien en compétition à Cannes depuis… 30 ans, sacré Grand Prix du Jury) et Santosh (qui a connu un joli succès cet été), ce premier long réussit à mêler récit d’apprentissage, chronique d’une relation mère- fille riche de troubles et de non- dits et portrait implacable d’une société de la société indienne où la menace de la violence masculine, née d’un sentiment de toute puissance, continue de faire des ravages. Son héroïne Mira a 16 ans. Elève brillante, et donc forcément jalousée, d’une école formant les élites du pays dans une ambiance stricte et traditionnelle, elle voit son cœur s’emballer pour un de ses camarades, venu de Hong- Kong. Et tout son petit monde va s’en trouver bouleversé, à commencer par sa mère, ex- élève de la même école, qui la pousse à réussir les meilleures études possibles pour ne pas vivre sa vie à elle, trop dépendante à ses yeux de l’argent et des caprices de son mari mais dont le trouble qu’elle ressent elle- même face à ce garçon va créer de la jalousie chez sa fille. Girls will be girls se révèle aussi pertinent dans l’exploration des débuts de l’éveil sexuel de son héroïne que dans la montée en tension dans ses rapports avec les autres garçons de l’institut qui, par dépit amoureux pour certains ou incapacité d’accepter qu’elle ait élue déléguée face à eux pour d’autres, vont pousser loin leur stratégie de harcèlement. Deux heures intenses, riche de sentiments contradictoires où Schuchi Talati épate par la fluidité de son écriture et la pertinence de son regard.