Toutes les critiques de Contes de juillet

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thomas Baurez

    Sur les traces d’Eric Rohmer, Guillaume Brac filme des jeunes gens en fleur et les met à l’épreuve de leurs désirs et leur propre morale…

    Le titre fait Rohmer. Les deux court-métrages qui constituent ce programme long, un peu moins. Quoique. Il y a chez Guillaume Brac – dont le formidable documentaire L’île au trésor a emboîté le pas desdits films – la volonté comme son glorieux aîné d’explorer des territoires vierges de cinéma pour y jouer et déjouer les jeux de l’amour et du hasard. Dans le premier conte, « L’ami du dimanche » - distingué récemment du Prix Jean Vigo - l’île de loisir de Cergy-Pontoise voit un garçon tourner autour de deux jeunes filles en fleur qui réagissent différemment à ses assauts amoureux. Dans l’autre, «  Hanne et la fête nationale », la Cité Universitaire de Paris est également le théâtre d’une parade où une étudiante norvégienne à l’embarras d’un choix dont elle se serait bien passée.

    Guillaume Brac manie avec une troublante finesse le basculement de rapports de force entre des êtres engagés dans les voies du désir physique et cérébral. De la même façon que son long-métrage Tonnerre s’enfonçait dans une noirceur paranoïaque insoupçonnée, ces contes estivaux atteignent des points de rupture soumis aux lois d’attraction/répulsion. Dans le second opus du programme, c’est carrément un flash info évoquant les récents attentats de Paris qui vient replacer la violence du réel au centre des (d)ébats. La mise en scène aussi légère que précise rend parfaitement compte de ces directions faussement anodines. Les interprètes tous inconnu(e)s, ont la candeur d’une première fois et la force de ceux qui, pour autant, ne s’en laissent pas conter si facilement. Une complète réussite.