La Chute de la maison Usher
Netflix

Mike Flanagan adapte faussement Poe avec une série en colère qui charge les ultra riches. Un joli jeu de massacre et une vraie tragédie grecque.

Mike Flanagan est un homme en colère. C'est la principale surprise de La Chute de la maison Usher, où il troque un certain romantisme gothique (The Haunting of Hill House, The Haunting of Bly Manor) imbibé de frousse à la Stephen King (Sermons de minuit) pour une fable vacharde contre le capitalisme, les 1 % et pourquoi pas le fonctionnement de l'Amérique toute entière. Entre soap opera macabre et pure tragédie grecque, la série se veut très éloignée du film de Roger Corman (1960). Pas un remake, ni même vraiment une adaptation stricto sensu de La Chute de la maison Usher. Plutôt une évocation : on y suit Roderick Usher, milliardaire surpuissant de Fortunato, entreprise pharmaceutique ayant fait son succès sur un anti-douleur soi-disant non addictif, responsable de millions de morts.

Une charge pas du tout masquée contre une vraie famille, les Sackler (déjà épinglés violemment dans Dopesick et Painkiller), créateurs de l'OxyContin et responsables de la crise des opiacés. Mais Roderick (et sa sœur Madeleine) va se faire rattraper par le karma, quand une mystérieuse femme resurgit de son passé et élimine sa descendance...

La Chute de la maison Usher
Netflix

Jeu de massacre

Chaque épisode tue avec fracas l'un des enfants Usher, tout en s'emparant de façon très libre d'une nouvelle de Poe (Le Cœur révélateur, Le Scarabée d'or, Le Masque de la mort rouge...). En résulte une certaine répétitivité - il est entendu qu'un personnage va perdre la vie -, contrecarrée par l'inventivité des mises à morts - le « comment », toujours sanguinolent et délicieusement cruel, mais maquillé en accident pour les enquêteurs. En parallèle, l'intrigue est rythmée par les confessions de Roderick au procureur qui a cherché à le coincer toute sa vie.

Toujours fidèle à ses acteurs, le showrunner/réalisateur fait revenir sa troupe de récurrents (Henry Thomas, Carla Gugino, Kate Siegel, Samantha Sloyan, Bruce Greenwood, T'Nia Miller, Rahul Kohli... Impeccablement détestables) et accepte quelques nouveaux (Mary McDonnell et Mark Hamill, épatants).

On pense évidemment à Succession (les fils et filles à l'ego boursouflé vivent dans l'ombre de papa et ne peuvent pas s'encadrer), porte d'entrée astucieuse pour moderniser le conte gothique de Poe. Le résultat est un peu en deçà des dernières productions de Flanagan, pourtant sa rage contre le système rend ce jeu de massacre extrêmement ludique. La Chute de la maison Usher attend toujours son adaptation ultime, mais la maison Flanagan se porte très bien, merci pour elle.

La Chute de la maison Usher, huit épisodes, à voir sur Netflix.


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