House of the Dragon saison 2
Max

Alors que la première saison sortie en 2022 avait allumé le feu, cette deuxième saison a étouffé le brasier. Bilan d'un chapitre paradoxalement éteint.

Il nous brûlait de revenir à Westeros. Après deux longues années d'attente, la saison 2 de House of the Dragon a enfin pris ses quartiers (sur Max en France) pour nous conter la fameuse "Danse des dragons" imaginée par George R.R. Martin. Sauf que les promesses enflammées de la première saison n'ont pas été tenues. Et voilà la fièvre retombée. Attention spoilers !

Alors qu'a-t-on vu cette année ? Viserys Ier (Paddy Considine) est mort. Aegon II (Tom Glynn-Carney), fils d’Alicent Hightower (Olivia Cooke), amie d’enfance de Rhaenyra (Emma D’Arcy), lui a succédé. N’acceptant pas que la couronne puisse se trouver sur le crâne de son demi-frère, la Targaryen s’est retrouvée en conflit avec cette branche de la famille, celle qu'on surnomme « Les Verts ». La rivalité entre eux s’était aggravée quand, en un battement d’aile, Aemond (Ewan Mitchell), le second fils d’Alicent, tua accidentellement le jeune fils de Rhaenyra, Lucerys. On imaginait la mère prête à tout pour se venger et reconquérir son trône au passage. L’étincelle était allumée. Il ne faisait aucun doute que la deuxième saison allait être un véritable brasier... Mais après 8 épisodes (contre 10 pour la saison 1), ce chapitre 2 de House of the Dragon a clairement déçu. Si l'on compare bêtement le score des deux saisons sur Rotten Tomatoes, la première explose à 90% et la seconde tombe déjà à 84%. La flamme vacille. Pas assez de batailles ? Des intrigues interminables ? Un rythme plus lent ? On fait le bilan de cette deuxième saison de House of the Dragon.

House of the Dragon : bilan d’une saison 2 qui a eu du mal à s’embraser
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On valide

1. Ce générique soigneusement filé

Élément indissociable des séries House of the Dragon et Game of Thrones, le générique est une œuvre d’art en soi qu’il est difficile de passer. Après avoir remonté les rouages du temps lors de la première saison, c’est avec une aguille et un fil que l’intro se dessine pour cette saison 2. A la manière de la tapisserie de Bayeux racontant la bataille d’Hastings entre le roi d’Angleterre et Guillaume le Conquérant au XIe siècle, c’est à travers l’art du tissage que l’on redécouvre le passé des Targaryen, mais aussi les événements de la saison 1 et même ceux de la saison 2. Une sorte de "précédemment dans House of the Dragonastucieusement dissimulée dans des mailles et qui donne tout son charme à la série. Tout comme l’introduction de Game of Thrones comportait des variations, celui-ci fait de même – comme si l’Histoire se jouait devant nos yeux, ou plutôt se tisser. Plus audacieux, et plus lisible, rien que pour ce nouveau générique, on dit oui. Après le sang ruisselant de la saison 1 et le fil de l’Histoire de la saison 2, que peut-on imaginer pour le générique de la prochaine saison ? Pourquoi pas des flammes ?

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2. Une réalisation impeccable

Tout comme son aînée avant elle, House of the Dragon a bénéficié d’un gros budget lui permettant de réaliser des épisodes aussi beaux les uns que les autres sublimés par les compositions musicales de Ramin Djawadi, vétéran de Game of Thrones. Déjà acclamée lors de la première saison, la photographie de cette suite est soigneusement travaillée. De la noirceur de Harrenhaal et ses mirages, à la grandeur de Peyredragon en passant la sinuosité de la capitale, chaque plan est minutieusement composé et rien n’est véritablement laissé au hasard – tant et si bien que certains se répondent entre eux, comme ceux d’Alicent et Rhaenyra dans le dernier épisode.

House of the Dragon : bilan d’une saison 2 qui a eu du mal à s’embraser
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Chaque scène clé du roman Feu et Sang dont est tirée la série est un événement en soi particulièrement bien mené : on se souvient de la tension du premier épisode lorsque, depuis les premières minutes, Helaena ne cesse de répéter que des rongeurs traînent dans le Donjon, des plans sur les rats et les souris grouillant dans les couloirs avant de découvrir avec stupeur que l’assassin du jeune prince n’est autre qu’un chasseur de rongeur. Chaque épisode suivait une structure similaire, s’achevant sur LE moment attendu : le fratricide, l’infiltration de Rhaenyra à Port-Réal, la bataille du Repos-des-Freux… Comment ne pas évoquer cette dernière qui a mené à la perte de Rhaenys (Eve Best) et son dragon Meleys. Voilà une bataille mémorable. Tant et si bien qu’à ce jour, l’épisode 4, dans laquelle elle figure, réalisé par Alan Taylor – aussi derrière le premier épisode de cette saison et quelques épisodes de Game of Thrones dont le final de la saison 1 et 2 – est le mieux noté de tous : 100%. 

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3. Les dragons ont joliment dansé

Avec toujours plus de dragons à l’écran, la production a fait face à un énorme défi d'effets spéciaux, relevé haut la main. Chaque créature ailée a un look, un style, une personnalité. Le CGI a été conçu avec des doigts de fée. Et à aucun moment ne donne le sentiment d'une bouillie numérique. Une prouesse en soi. Au point qu'on a envie de croire qu’ils sont tout aussi vrais que les acteurs qui les montent. Et lorsque le combat s'engage, c'est encore plus impressionnant, à l'image du trio dansant dans le ciel de Repos-des-Freux : Meleys, Feux-du-Soleyl et Vhagar nous ont offert du grand spectacle. Puis c'est Vermithor qui nous a fait frissonner dans la Fosse au dragon de Peyredragon. Désormais, on a hâte de faire la connaissance des petits nouveaux : Voleurs-de-Moutons, découvert par Rhaena dans le Val, et Tessarion, le dragon aux écailles violettes, appartenant à Daeron, le dernier enfant d’Alicent qui n'a pas encore montre son visage...

House of the Dragon saison 2
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4. Rhaenyra et Alicent au sommet

Toutes ces belles images seraient vaines, si l’ensemble n’était pas porté par une galerie de personnages excitants, incarnés avec force, alors que le roman reste assez évasif sur le comportement des protagonistes. Ainsi, Ser Criston Cole, pourtant détestable à tous les égards, a pris une ampleur inattendue cette année, basculant dans un speel existentialiste étonnant après avoir compris l'insignifiance de son être face aux dragons. Mais surtout, le duo Rhaenyra/Alicent a cristallisé l’intrigue. Plus effacées dans Feu et Sang – où le récit était écrit par des hommes – cette deuxième saison leur a permis de prendre toute leur place, à la fois en tant que mères, stratèges, et amies déchirées par le pouvoir. C’est là qu’entrent en jeu toutes ces scènes rajoutées où le duo se rencontre – essentielles dans la construction de leur personnalité. Tout tourne désormais autour de ces deux femmes et de ces deux comédien.es : Olivia Cooke et Emma d’Arcy, au sommet.

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On ne valide pas

1. Guerre… et surtout paix

Avant même que cette saison ne commence, toute la promotion tournait autour du conflit imminent. Verts et Noirs se faisaient face dans les posters promotionnels, et les fans étaient invités à choisir leur camp. Il paraissait évident que la deuxième saison de House of the Dragon allait être particulièrement sanglante et violente. Pourtant, au bout du huitième épisode, les spectateurs sont toujours en attente. Lucerys est mort, la guerre va éclater. Rhaenys est morte, la guerre va éclater. De nouveaux dragons entrent en piste, la guerre va éclater... Comme si la narration ne se conjuguait qu'au futur, quitte à tempérer le plaisir présent. La guerre est pour demain et en attendant, la série enchaîne les conseils restreints, les indécisions et autres atermoiements qui ont grévé cette saison 2 de manière évidente. Trop de discussions et trop peu d'action, House of the Dragon a basculé dans un tout politique un peu morne et diablement répétitif. A l'image de Daemon, coincé à Harrenhal. Il lui a fallu 7 épisodes pour lever une armée, bloqué dans une spirale infernale de cauchemars et autres visions, pour aboutir à une pauvre épiphanie au bout du bout de la 8e heure : en fait, il est vraiment prêt à servir Rhaenyra... Ok. Pour combler les trous et étendre la narration de Feu et Sang, la production a clairement fait de cette saison 2 une saison de transition, où la solution diplomatique a (trop) longtemps été privilégiée, pour en arriver à la conclusion que tout le monde savait : la guerre ! Chacun a ensuite fourbi ses armes, rallié ses troupe et le grand spectacle éclatera... dans la saison 3. Vous avez dit frustrant ?

2. Un rythme plombant

La seconde partie de la saison 2 a notamment souffert de ce rythme mollasson. Au point d'en regretter les énormes sauts dans le temps de la saison 1 qui pourtant, avaient déstabilisé plus d’un spectateur. A l'époque, House of the Dragon n'hésitait pas à sauter 1 an, 2 ans ou 10 ans pour faire avancer l'histoire de cette succession qui tourne mal. Le temps a brutalement ralenti à Westeros cette année. Attention à ce que les deux dernières saisons (3 et 4) ne tombent pas dans l'excès inverse : en mode accéléré, pour rattraper le retard !

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3. Où est passée la magie ?

Contrairement à sa grande sœur, House of the Dragon comporte moins d’éléments relevant du mysticisme – un point que nous avions déjà relevé durant la première saisonAlys Rivers - sorte de Melisandre en puissance à Harrenhal - porte sur ses épaules les uniques éléments de magie. Trop peu nombreux. Rajouter un Marcheur blanc dans une vision de Daemon ne suffit pas.

4. Un final aux airs de bande-annonce

Point culminant de la frustration de cette saison 2, le dernier épisode, attendu au tournant après des heures de palabre et de tractations, n'a pas été à la hauteur. Et c'est peu de le dire. Très loin des conclusions épiques auxquelles Game of Thrones nous avait habitué, "The Queen Who Ever Was" s'est contenté de teaser la suite. La guerre à venir. Comme une longue bande-annonce de ce que nous réservera la saison 3 : des armées en marche, de nouveaux dragons, un roi en fuite, un Otto Hightower retrouvé… Il y aura du grand spectacle... mais dans deux ans !

House of the Dragon saison 2 : le final expliqué
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Initialement prévue sur dix épisodes, cette saison 2 a été raccourcie à huit et nous laisse avec le sentiment d'un feu de paille, forcément très mitigé.

Gageons que House of the Dragon saura se rattraper dans une saison 3 qui saura faire feu de tout bois. Et d'ici là, les fans pourront se consoler avec la prochaine série spin-off Game of Thrones, A Knight of the Seven Kingdom, nous présentera de nouveaux personnages issus de la dynastie des dragons...

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