OCS a dévoilé hier les premiers épisodes de cette comédie sur trois étudiants lançant un service de Minitel Rose au début des eighties.
Si vous en avez ras-le-bol de la nostalgie des années 80, mauvaise nouvelle : ça n’est manifestement pas près de s’arranger. En attendant Toutouyoutou, une série qui mêlera aérobic, aéronautique et espionnage industriel durant l’année 1983, OCS a dévoilé hier, au Festival de la Fiction (traditionnellement appelé le Festival de La Rochelle, mais exceptionnellement délocalisé cette année à Paris), 3615 Monique, qui, comme son l’indique, entend raviver le souvenir des grandes heures du Minitel Rose, à travers le parcours de trois étudiants crevant d’ennui au fin fond de la banlieue parisienne, et qui vont mettre à profit leurs compétences en informatique pour inventer le tout premier service de messagerie érotique sur Minitel. Un pitch, et un trio de personnages archétypaux (le cool, le nerd et la fille intrépide) qui évoquent bien évidemment la bien-aimée Halt & Catch Fire, qui racontait l’explosion du marché du PC au début des années 80, et dont 3615 Monique serait la version française, rigolarde et giscardo-mitterrandienne. Halt & Catch Fire n’est d’ailleurs pas la seule référence de cette série au pedigree un chouïa trop voyant : on pense aussi beaucoup à La Crème de la crème de Kim Chapiron (et son réseau de prostitution en école de commerce organisé par une bande d’étudiants plus cupides que la moyenne) et, bien sûr, au matriciel The Social Network (solitude, informatique, misère sexuelle) auquel la B.O. rend des hommages appuyés.
3615 Monique séduit pourtant, en particulier grâce à son excellent trio d’acteurs (Noémie Schmidt, Arthur Mazet, Paul Scarfoglio) et en dépit du fait que, au bout de deux épisodes, on ne sait toujours pas exactement ce que la série entend raconter, au-delà du plaisir de la reconstitution vintage et de l’hilarité teintée de mélancolie que déclenche de façon pavlovienne le mot « Minitel » chez ceux qui ont connu cet étonnant objet. Assistera-t-on à une réflexion sur la façon dont la révolution sexuelle a fini par être bouffée toute cru par le capitalisme ? Au portrait d’une génération qui a grandi sans autre idéal que de se faire du fric sans foi ni loi ? Dur à dire pour l’instant. Mais si elle finit par révéler un vrai sujet, 3615 Monique pourrait bien être carrément sensass (comme on disait sous Mitterrand).
3615 Monique, créée par Emmanuel Poulain-Arnaud et Armand Robin, réalisée par Simon Bouisson, avec Noémie Schmidt, Arthur Mazet, Paul Scarfoglio… En décembre sur OCS.
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