Bienvenue à Genève, dans les arcanes du pouvoir humanitaire, avec ce thriller géo-politique souvent passionnant, aux accents "soap" souvent indigents.
Il aura fallu qu'André Dussolier s'exile de l'autre côté des Alpes pour décrocher son premier rôle important dans une série ! L'acteur de 75 ans incarne l'un des pontes d'une organisation humanitaire internationale fictive, dans Cellule de Crise, mini-série suisse ambitieuse (en 6 épisodes) qui débarque en France sur Salto ce vendredi 12 mars.
Après la mort tragique de son Président iconique tué dans un attentat, le HCIH (Haut Commissariat International Humanitaire) se cherche un nouveau patron. L'ancien bras droit, Guillaume Kessel, mise alors à la surprise générale sur Suzanne Fontana, une jeune universitaire engagée, qui compte bien redonner à l'institution ses lettres de noblesse. Mais alors que le conflit entre le Yemen et l'Arabie Saoudite s'enlise, elle va vite comprendre que, pour réussir à imposer un cordon sanitaire, l'humanitaire aussi nécessite de faire de la politique...
Jacob Berger (Dévoilées) Philippe Safir et François Legrand nous racontent ainsi les coulisses de la vie politique internationale qui bouillonne en Suisse, pays à la neutralité historique où se trouvent de nombreux sièges à l'influence mondiale, comme celui de la Croix Rouge internationale (CICR) ou de la FIFA pour le foot. Mais pour nous plonger dans les arcanes du pouvoir, les auteurs ont choisi de s'inscrire dans la fiction pure et dure, quitte à modifier grossièrement quelques noms. L'organisation humanitaire de Cellule de Crise s'appelle donc le HCIH et celle du ballon rond se retrouve curieusement rebaptisée FIFO... Une fois qu'on s'est habitué, on se laisse guider avec délectation dans ces jeux de dupes au sommets des grandes institutions.
Car la série dépeint habilement les conflits d'intérêts permanents dans lesquels sont noyés les ONG de la planète, pour mener à bien une mission avant tout philanthropique. Elle décrit dans le détail les manipulations politiques qui se jouent en coulisses, en prenant pour toile de fond la guerre au Yémen. Sans angélisme, de tractations en coups en douce, Cellule de Crise installe une partie d'échecs passionnante, qui nous dévoile des sphères de pouvoir, où l'idéalisme a toujours tendance à se fracasser sur une réalité beaucoup plus froide et complexe qu'il n'y paraît.
Malheureusement, les auteurs ont aussi injecté une grosse dose de drama inutile, qui vient parasiter l'intelligence du récit géo-politique. Avec son vieux patron de la FIFO corrompu jusqu'aux bouts des ongles (joué par un Jean-François Balmer aux faux airs de Sepp Blatter) et une improbable histoire d'homicide conjugal totalement superflue, Cellule de Crise se disperse dans des twists "soapesques" qui n'avaient pas lieu d'être. En tout cas, après ça, vous ne verrez plus la vie politique suisse comme avant !
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