Affiches Films à l'affiche mercredi 2 août 2023
Diaphana Distribution/ Eurozoom/ UFO Distribution

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
YANNICK ★★☆☆☆

De Quentin Dupieux

L’essentiel

Raphaël Quenard livre un véritable one man show et confirme que 2023 est son année sans pour autant lever les toutes les frustrations inhérentes au cinéma de Quentin Dupieux, depuis quelques films

C’est en le dirigeant dans Fumer fait tousser, que Quentin Dupieux a eu l’envie d’écrire pour Raphaël Quenard (Chiens de la casse) un film sur mesure. L’histoire d’un spectateur d’une pièce de boulevard, Le Cocu, qui, n’en pouvant pas plus de qu’il est en train de voir, décide d’interpeller les comédiens et d’interrompre le spectacle pour prendre les choses en main. Inspiré par la faconde hors pair du comédien, Dupieux signe ici son film le plus dialogué depuis des lustres. Et Quenard se montre à la hauteur du cadeau qui lui a été fait, à travers une interprétation riche en nuances subtiles tant dans la comédie pure que dans un registre plus émotionnel.

Et pourtant quand on a tant aimé ses premiers longs et qu’on souffre depuis à voir Dupieux se reposer sur ses lauriers dans des films aux idées géniales mais si frustrants dans leur exécution, ce Yannick ne suffit à renverser la donne. Car aux mêmes causes, les mêmes effets. Quelle singularité apporte- t’il derrière cette n-ième affrontement entre prolo et bourgeois ? Pourquoi une fois encore, paraît- il lui-même chercher comment il va pouvoir faire tenir tout cela dans un format de long métrage ? Et, arrivé au terme de ses 69 minutes, force est d’avouer notre incapacité à fournir une réponse à ces interrogations. Si ce n’est qu’au fond Yannick n’a pas d’autre but que de faire rire et qu’on projette sans doute à chaque fois trop sur Dupieux et son cinéma.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

DETECTIVE CONAN : LE SOUS- MARIN NOIR ★★★☆☆

De Yuzuru Tachikawa

Petit rappel des faits : Détective Conan est l’une d'une des franchises les plus populaires au monde (Le Sous-marin noir est le 26ème film adapté du manga depuis 1997 !) et qui met en scène les aventures et enquêtes d'un lycéen doté d'une intuition géniale mais transformé en écolier de 7 ans par un bande de comploteurs. Le film Détective Conan cru 2023 a la bonne idée de laisser un peu tomber le côté énigme pour -comme le réussi La Fiancée de Shibuya sorti l'an dernier- se focaliser sur l'aspect thriller technologique planétaire. Ici, Conan doit protéger une station sous-marine internationale des manigances d'une bande de gangsters dont chaque membre porte le nom d'un spiritueux au fil d’un récit qui déploie tout l'arsenal d'un véritable James Bond animé et juvénile. C'est fun, c'est frais, c'est surprenant, bref, toujours un plaisir. Et comme on est prêts à en voir un comme ça chaque année, rendez-vous est déjà pris pour 2024.
 

Sylvestre Picard

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ON DIRAIT LA PLANETE MARS ★★★☆☆

De Stéphane Lafleur

À travers un mélange de science-fiction et d’approche existentielle réaliste, le québécois Stéphane Lafleur (réalisateur en 2014 de Tu dors Nicole) réussit un beau pari cinématographique. Suivant cinq personnes recrutées pour collaborer à la première mission habitée sur Mars et choisies en raison de leurs ressemblances psychologiques avec les vrais astronautes, ce film montre des protagonistes qui vivent un rêve d’exploration spatiale par procuration mais restent en plein désert terrestre. C’est là que David (excellent Steve Laplante), prof d’éducation physique à la ville, va tant prendre son rôle à cœur qu’il crée de graves problèmes au sein de la fausse équipe d’astronautes. Cette ingénieuse rencontre entre Alien et Gerry tient la route et rappelle que se frotter à ses déceptions peut aider à mieux comprendre le réel.

Damien Leblanc

THE WASTETOWN ★★★☆☆

De Ahmad Bahrami

Bemani, une femme emprisonnée depuis 10 ans pour le meurtre de son mari, obtient enfin la liberté conditionnelle. Désormais, elle n’a qu’un but : revoir son fils dont elle a été séparée huit ans plus tôt. Elle se rend alors dans une casse automobile perdue au milieu de nulle part, où travaille son beau-frère. Porté par une image en noir et blanc qui colle parfaitement avec son récit froid et sombre, The Wastetown explore en finesse la place des femmes dans la société iranienne, et un rapport aux hommes uniquement basé sur la méfiance. Dans une intrigue qui prend (un peu trop) son temps, le film erre aux côtés de Bemani, qui ira de déceptions en trahisons dans un décors miséreux et délabré. Avec son deuxième long métrage (le premier, Panah, datant de 2017, n’est pas sorti en France), Ahmad Bahrami dresse un huis clos à ciel ouvert, dont aucune issue ne semble possible. 

Sarah Deslandes

SURO ★★★☆☆

De Mikel Gurrea

Suro réussit une prouesse. Contenir autant de sujets (bouillants) en un seul et même film, et leur donner une consistance, une vigueur dramatique rare. A travers un couple changeant de vie en quittant Barcelone pour la campagne, il est question de l’exploitation de la main d’œuvre immigrée, de ruralité, des contradictions de classe, de l’autoentrepreneuriat, du réchauffement climatique, de crise de couple… Le tout produit un grand film moral. Les personnages sont face à eux-mêmes. Le spectateur, aussi.

Estelle Aubin

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

TROPIC ★★☆☆☆

De Edouard Salier

La gémellité inspire décidément les cinéastes français épris de genre. Quelque mois après le séduisant Nos cérémonies de Simon Rieth, Edouard Salier met lui aussi en scène pour son premier long deux jumeaux, Lázaro et Tristán, appartenant au même programme militaire formant la crème de la crème des astronautes du futur pour coloniser l’espace, la Terre étant condamné à court terme. Une course vers l’excellence commune soudain percutée par un accident – la contamination de Tristan, après l’arrivée d’un mystérieux projectile céleste dans leur lac d’entraînement, par un résidu toxique, le transformant peu à peu tant physiquement que mentalement – qui va totalement changer la donne. Tentant dès lors de rester en équilibre entre teen movie, drame familial (avec le personnage de leur mère qui a tout sacrifié pour eux) et cinéma fantastique- horreur, Tropic finit par patiner et tirer en longueurs, à cause de trop pénalisantes imperfections scénaristiques. Mais sans abimer la puissance visuelle du cinéma de ce réalisateur de clips pour Massive Attack et Justice, accompagnée par la B.O. enivrante de SebastiAn.

Thierry Cheze

LES TOURNESOLS SAUVAGES ★★☆☆☆

De Jaime Rosalès

Révélé voilà 20 ans par l’impressionnant thriller Les Heures du jour, Jaime Rosalès a donné le sentiment de se perdre depuis dans un cinéma où la forme étouffait un peu plus le fond à chaque long métrage. Les Tournesols sauvages permet d’entrevoir un mieux sans retrouver la puissance de ses débuts. Il y met en scène une jeune femme, élevant seule ses deux enfants, éprise de liberté et d’émancipation, qui tombe amoureuse d’un homme dont la toxicité va vite lui sauter aux yeux et la pousser à prendre le large. Les Tournesols sauvages épouse alors son parcours sentimental qui va la conduire à essayer de renouer avec le père de ses enfants puis de craquer pour un troisième homme et vivre cette relation, nourrie des leçons des précédentes. Remarquablement incarné par Anna Castillo, le côté trop scolaire, trop catalogue des idées reçues de l’ensemble empêche le film de nous emporter à la hauteur de ses ambitions.

Thierry Cheze

YAMABUKI ★★☆☆☆

De Juichiro Yamasaki

Un ancien cavalier de l’équipe de Corée du Sud ayant dû renoncer la mort dans l’âme à passion et qui vit au Japon, employé dans une carrière, étouffant sous les dettes. Une jeune lycéenne militante dont la colère sourde se manifeste par une manifestation journalière silencieuse à un carrefour. Deux quotidiens, deux destins, deux solitudes qui vont se croiser, à la suite d’un accident en montagne au fil d’un récit d’abord intriguant – à l’image de ces personnages très secrets – avant de lasser, faute de donner quelques clés aux spectateurs et de compliquer inutilement les choses. Cette distance empêche l’émotion ambitionnée de naître en dépit d’une réalisation elle, convaincante, tant par sa maîtrise des cadres que sur le jeu avec la désaturation des couleurs.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LE COLIBRI ★☆☆☆☆

De Francesca Archibugi

Hasards, coïncidences, récit construit en flashbacks et flashforwards… Des années 70 à nos jours, le très lelouchien nouveau Francesca Archibugi (Mignon est partie) raconte les amours et les emmerdes d’un Italien incapable de guérir d’un coup de foudre d’enfance jamais consommé. Mais la cinéaste échoue à traduire la fluidité de l’écriture de Sandro Veronesi et se perd dans un récit trop mécanique qui tire en longueurs, faute de créer l’attachement viscéral ambitionné à ses personnages.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Les Blagues de Toto 2- Classe verte, de Pascal Bourdiaux

En eaux très troubles, de Ben Wheatley

Francesca et l’amour, de Alba Sotorra

Magic !, de Caroline Origer

 

Les reprises

Le Grand chemin, de Jean- Loup Hubert

Le Péril jeune, de Cédric Klapisch