Lana Rockwell dans Sweet thing
Urban Distribution

Rencontre avec la jeune comédienne qui crève l’écran en retrouvant son père Alexandre Rockwell, 7 ans après ses débuts, enfant, dans Little Feet

Avec Sweet thing, Alexandre Rockwell, le metteur en scène d’In the soup dans les 90’s, signe la chronique d’une famille dysfonctionnelle à travers le regard de deux ados en quête de survie, entre un père aimant mais porté sur la boisson, une mère absente et un beau- père aux instincts de prédateur sexuelle. Il y retrouve la fougue de ses premiers films, cette constante dans son cinéma d’aller chercher la lumière dans ce que l’humanité peut charrier de plus noir. Et dans le rôle de la sœur aînée, Billie, il révèle une comédienne d’une cinégénie et d’une justesse captivantes qui, en plus, chante sublimement le Sweet thing de Van Morrison qui donne son titre au film. Sa propre fille, Lana, âgée de 18 ans, qu’il avait déjà dirigée enfant dans Little feet, resté, lui inédit en France et promise à une carrière de premier plan devant la caméra. On en prend le pari.   

Vous vous souvenez comment votre père vous a parlé pour la première fois de Sweet thing ?

Lana Rockwell : Oui, très bien ! (rires) On était allongés sur le canapé avec mon frère. Et mon père qui travaillait sur deux scénarios à ce moment- là nous a simplement demandé si on aurait envie de refaire un film ensemble comme on avait fait Little feet, mais avec une histoire plus intense, moins enfantine. Et mon frère Nico comme moi avons tout de suite dit oui. J’ai dévoré son scénario et j’ai vu tout de suite qu’il ne nous avait pas menti sur son intensité ! (rires) Et puis il a commencé à me décrire en détails le personnage de Billie que j’allais incarner et mon impatience de l’incarner n’a cessé de grandir

Vous n’aviez jusqu’ici qu’une seule expérience de comédienne sous la direction de votre père dans Little feet, alors que vous étiez enfant. Ce rôle de Billie et ce film marquent clairement une étape plus haute et par ricochet plus complexe. Comment êtes vous devenue ce personnage ?

J’avais vraiment tourné Little feet avec toute la candeur de l’enfance. Donc je ne peux pas dire que j’ai abordé Sweet thing, forte d’une expérience de comédienne. Rentrer dans un personnage était une notion vraiment très théorique. J’ai donc agi de manière purement instinctive. Comme la musique tient un rôle central dans la vie de Billie, je me suis totalement immergée dans son univers musical où règnent les chansons de Billie Holiday et Van Morrison. D’ailleurs, sur le plateau, plus tard, je ne me sentirai jamais autant Billie que lors de la scène où je chante Sweet thing de Van Morrison. En amont du tournage, j’ai aussi commencé à écrire son journal intime. Mais ce qui a vraiment été décisif pour moi fut la rencontre et les échanges avec Will Patton qui incarne le père de Billie. Il a été incroyablement généreux avec moi. Il a su rendre l’environnement de nos scènes aussi accueillant qu’enveloppant et je me sentais à l’aise pour lui poser toutes les questions que je me posais. Enfin, évidemment être dirigée par son père simplifie aussi les choses car là aussi je pouvais spontanément partager mes doutes et mes interrogations sans peur d’être jugée.

RENCONTRE AVEC ALEXANDRE ROCKWELL, LE REALISATEUR DE SWEET THING

Vous avez ressenti plus de pression que sur Little feet ?

Oh oui ! A l’époque de Little feet, j’avais 8 ans. Je ne réalisais pas vraiment ce que je faisais. Ici, j’avais plus conscience de ce que j’avais à jouer. Mais là encore Will Patton a été génial pour m’enlever du stress. Je pense à la scène forte en émotions où il me coupe les cheveux. Ce jour- là, il y a eu des soucis avec la lumière et toute l’équipe technique était concentrée là- dessus pour perdre le moins de temps possible à la régker. Et c’est Will qui a sonné le tocsin et dit à tout le monde qu’il fallait, au milieu de cette agitation, d’abord et avant tout créer comme un cocon pour moi. Will a été mon ange gardien dans toute cette aventure.

Sweet thing vous a donné envie de poursuivre votre carrière naissante de comédienne ?

Je n’ai quasiment tourné qu’avec mon père, à l’exception d’un court métrage à la fac. Et même là il était sur le plateau ! (rires) Donc pour répondre précisément à votre question, il faudrait que j’ai une expérience sans lui. Mais au fond de moi, je sens que j’aimerais continuer à jouer. Comme d’écrire ou d’être derrière la caméra d’ailleurs. J’ai le sentiment que tout cela est désormais ancré en moi. A moi désormais de prendre des cours, de passer des auditions pour que cette envie devienne concrète.