Cannes 2024 : photocall de L'Amour ouf
Abaca

"C’était le prix à payer pour être en compétition", confie à Première le réalisateur de l'épopée romantique, qui sort ce mercredi au cinéma.

Après avoir plongé dans Le Grand Bain de la réalisation avec un succès retentissant (4,2 millions d'entrées et 10 nominations aux César à la clé), Gilles Lellouche revient aujourd'hui dans les salles avec son nouveau film événement : L'Amour ouf, épopée romantique dantesque de 3 heures, saura-t-il séduire le public autant que sa feel-good dramédie dépressive à la piscine ? Le pari est osé, et assumé par le cinéaste, qui sait déjà qu'il n'avance pas en terrain conquis, après la réception très mitigée du film à Cannes.

Il y a cinq mois, L'Amour ouf faisait ses grands débuts sur La Croisette, en compétition officielle : "Là-bas, c’était particulier. C’était très léger. J'étais dans un état second" se souvient Gilles Lellouche dans le nouveau numéro de Première (555), actuellement en kiosque, avec L'Amour ouf en couverture. "On me posait des questions, mais je ne savais même pas où j’habitais. C’était tellement névrotique que je n’en ai plus qu’un souvenir flou".

L'Amour ouf
Studio Canal

Il faut dire qu'après la projection officielle ponctuée par une immense ovation, Gilles Lellouche est brutalement redescendu sur terre, quelques heures plus tard, en lisant les critiques beaucoup plus cinglantes de la presse internationale. Il raconte :

"L’accueil du public a été exceptionnel, avec une standing ovation de dix-sept minutes. À peine les lumières rallumées, Thierry Frémaux est venu me voir pour me dire : « Écoute, tu as fait trembler les murs de Cannes comme rarement. C'est un très bon signe. » Et puis, quelques heures après, j’ai lu les critiques et là, je suis redescendu sur terre. J’ai essayé de mettre un peu de sagesse dans ma déception. C’est un moment dingue : passer de 17 minutes d’applaudissements aux critiques qui te tombent soudainement dessus… Bon, certains ont été enthousiastes, je fais encore la part des choses. Mais je me suis tout de suite dit que c’était le prix à payer pour être en compétition à Cannes."

L'Amour ouf
Studio Canal

Le réalisateur se souvient alors de l'ambiance totalement différente entourant la projection cannoise du Grand Bain, il y a cinq ans, présenté hors compétition. L'accueil avait été beaucoup plus chaleureux, parce que le ton était beaucoup plus fédérateur : "Tout était joyeux et très beau. L’étape suivante, c’était sans doute la compète. Mais ça réclame une qualité supplémentaire, de la précision. Plus que ce que j’ai pu proposer. Sinon, j’aurais eu un prix et de bonnes critiques, non ?" analyse aujourd'hui Gilles Lellouche avec un recul certain.

L'Amour ouf a quand même de beaux arguments pour séduire le public dans les salles, dans les semaines qui viennent. Et Gilles Lellouche avoue d'ailleurs avoir fait quelques retouches par rapport à la version du film montrée à Cannes : "J’ai changé 6 minutes en tout" révèle-t-il à Première.

"Ceux qui l’aimaient avant l’aimeront toujours et les autres ne vont pas l’adorer subitement. J’ai enlevé des répétitions par ci, un peu de  maniérisme par là. Un film, pour moi, c’est un laboratoire. J’aime bien l’idée de pouvoir le remonter, le bricoler. Et comme j’ai eu la plus grande avant-première possible, certains retours m’ont permis d’ajuster des choses..."