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A revoir ou découvrir pour rendre hommage au géant comique.

Artistes et modèles (1955)

 
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Après dix ans d’association sur scène et à l’écran, Dean Martin et Jerry Lewis se séparent pile au moment où ils commencent à tourner de vrais bons films. Il faut dire que, après les aimables niaiseries tournées sous la direction de Norman Taurog (avouons ici un petit faible pour Un Pitre au pensionnat, dans lequel Jerry est déguisé en collégien de 12 ans pendant toute l’intrigue), les deux compères trouvent enfin un vrai cinéaste en la personne de Frank Tashlin. Artistes et Modèles est leur ode à la culture comics (comme La Blonde et moi sera un an plus tard l’hommage de Tashlin au rock’n’roll naissant), dans lequel Lewis joue un grand gamin obsédé par une BD mettant en scène une femme chauve-souris. Références proto-geek, chansons, couleurs qui pètent, Shirley MacLaine en girl next door : un triomphe pop.

Un vrai cinglé de cinéma (1956)

 

17ème et dernier film du duo Martin-Lewis. L’un des meilleurs. Dean, Jerry et un chien traversent l’Amérique, direction Hollywood. Un road-movie coolissime, où l’obsession du réalisateur Frank Tashlin pour les objets de la société de consommation triomphante prend la forme d’une énorme Cadillac décapotable, dans laquelle se déroule le film. Quelque chose comme le Easy Rider du duo crétin.

Le Dingue du Palace (1960)

 

 

Coup d’essai, coup de maître. Lewis passe derrière la caméra et remonte aux sources du muet, à la recherche d’une forme d’épure comique absolue. Le principe ? Choisir un lieu (ici : un palace où il officie comme groom) dans lequel il va se balader pour y épuiser toutes les potentialités comiques. Pas vraiment d’intrigue, peu de dialogues, juste une enfilade de sketchs qui tendent vers l’abstraction. Sur le tournage, Lewis va faire un usage pionnier du combo, qui lui permettait de voir immédiatement la scène qu’il venait de tourner. En plus d’être un bouffon génial, l’homme est donc aussi un précurseur, qui enseignera le cinéma à la fac et écrira un livre vénéré par plusieurs générations d’apprentis cinéastes (The Total Film-maker). Mais regardons-le plutôt en train d’essayer de répondre au téléphone…

Le Tombeur de ces dames (1961)

 
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Un décor hallucinant (la vue en coupe d’un pensionnat de jeunes filles, sur plusieurs étages), dans lequel la caméra peut se balader en des mouvements opulents, musicaux, ultra sophistiqués. Lewis pousse les expérimentations du Dingue du Palace encore plus loin : plus grand, plus fou, plus pétaradant (c’est en couleurs). Une borne pop qui annonce le Playtime de Tati.

Le Zinzin d’Hollywood (1961)

 

 

Troisième film signé Lewis à sortir en moins de deux ans, signe de l’appétit démiurgique intense du bonhomme. Toujours la même formule (un lieu, Jerry, des sketchs), ici reconduite dans un studio de cinéma. On note une tendance au sentimentalisme, à l’auto-indulgence, à l’expérimentation arty qui se la raconte. Peut-être. Mais les sketchs réussis du film sont parmi les trucs les plus drôles de sa filmo solo.

L’increvable Jerry (1962)

 
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En parallèle des films qu’il met lui-même en scène, Jerry poursuit son association avec Frank Tashlin. Là, le ton est plus cinglé, méchant, nihiliste, cartoon. Rarement cité, L’increvable Jerry est pourtant un sommet. L’intrigue, en gros : Jerry joue un réparateur de télés qui s’improvise détective privé et se retrouve à combattre une tondeuse à gazon téléguidée.

Docteur Jerry et Mister Love (1963)

 
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Jerry sublime l’absence de Dean Martin avec cette variation sur le mythe de Jekyll et Hyde, dans laquelle il joue le timide professeur Julius Kelp et son alter ego maléfique, le beau gosse Buddy Love. Une psychanalyse en public. Et, accessoirement, l’un des films les plus tordants des sixties.

Un chef de rayon explosif (1963)

 

 

Jerry Lewis. Frank Tashlin. Gags. Badaboum. Cartoon zinzin. La formule commence à être rodée. Le film entre dans la légende grâce au sketch de la machine à écrire, que Lewis va rejouer pendant des décennies sur scène et à la télé. Naissance de la vocation comique de Michel Leeb.

Jerry chez les cinoques (1964)

 
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Jerry bosse comme infirmier dans un hôpital psychiatrique. Problème : il éprouve tellement d’empathie pour les patients qu’il « absorbe » leurs maux… Sauvage, jusqu’au-boutiste, cintré au dernier degré, c’est le climax du duo Tashlin-Lewis, qui ne tourneront plus ensemble. Contient en germe les filmos futures de John Landis et Joe Dante.

La Valse des Pantins (1983)

 
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Et zou, on fait un bond de 20 ans en avant… Jerry s’est un peu perdu entre-temps, il est dans le creux de la vague, et Scorsese en profite pour lui offrir son premier contre-emploi. Enfin, « contre-emploi », façon de parler… Jerry Lewis joue une superstar du rire, qui se fait se gondoler l’Amérique tous les soirs à la télé, mais se révèle totalement sinistre dans sa vie privée. Une réflexion warholienne et très acide sur la société du spectacle, mal-aimée à l’époque, réhabilitée depuis. Son titre original fournit bien sûr l’épitaphe parfaite pour Jerry : The King of Comedy.